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L'opération séduction de TikTok en Europe n'épargne pas la Suisse

Le vice-président de TikTok, Theo Bertram, au 19h30 de la RTS. | Capture d'écran / RTS

L'application éditée par le géant chinois ByteDance tente de rassurer les autorités occidentales. Sa stratégie de communication a changé en conséquence. Suffisant pour renverser la vapeur?

L’heure est grave. Face aux interdictions qui se sont succédé dans plusieurs pays, TikTok adapte sa stratégie de communication: ses dirigeants ont lancé une contre-offensive. Dernier exemple en date: l’interview du vice-président de TikTok, Theo Bertram, au 19h30 de la RTS, dimanche 30 avril.

Le message est clair: les inquiétudes concernant l’accès aux données personnelles par le gouvernement chinois sont infondées. Theo Bertram rappelle que TikTok n’opère pas en Chine, et que ses centres de données sont basés aux Etats-Unis et à Singapour. De quoi rassurer les autorités? La réponse est loin d’être évidente, selon plusieurs experts.

Lire aussi: Océane Herrero: «Les utilisateurs de TikTok sont fascinés par son algorithme»

De quoi on parle. L’application TikTok est dans le viseur de plusieurs pays pour ses liens supposés avec le Parti communiste chinois. Les Etats-Unis, le Canada, la Commission européenne, l’Inde et le Danemark ont interdit l’application pour certains utilisateurs sensibles (hauts fonctionnaires, parlementaires…).

La Confédération s’est aussi posé la question, mais l’Institut national de test pour la cybersécurité (NTC) n’a pas constaté de surveillance généralisée de la part de TikTok, même si celle-ci serait «techniquement possible au vu des droits étendus que l’utilisateur peut octroyer à l’application», écrit Le Temps, qui cite le rapport du NTC. En conclusion, pas d’interdiction en Suisse – pour l’instant?

Les arguments de TikTok. C’est dans ce contexte de défiance occidentale que TikTok a modifié sa communication. Le CEO de TikTok, Shou Zi Chew, a été auditionné en avril par le Congrès américain, et s’est exprimé deux semaines plus tard lors de la conférence TED2023. L’application multiplie aussi les annonces publicitaires en Europe.

Lors de son intervention à la RTS, le vice-président de TikTok, Theo Bertram, a tenté de rassurer les téléspectateurs. «TikTok ne travaille pas en Chine, a-t-il affirmé. Toutes les données de TikTok sont stockées à Singapour ou aux Etats-Unis. C’est également le cas pour les données européennes. Nous limitons l’accès à ces données.»

Un discours qui ne surprend pas la journaliste Océane Herrero, autrice du livre Le système TikTok: «ByteDance, l’entreprise qui possède TikTok, joue sur le fait qu’en Chine, l’équivalent de son application est Douyin, une version adaptée au cadre imposé par le gouvernement chinois. C’est ce qui permet de dire que TikTok n’opère pas en Chine.»

TikTok tente par tous les moyens de couper ses liens avec la Chine, observe la journaliste. Elle avait déjà annoncé la création d’un premier centre de données en Europe, et a récemment décidé d’en construire deux de plus.

«Ces arguments se retrouvent à chaque prise de parole, note Océane Herrero. Mais TikTok dépend malgré tout de ByteDance, qui opère bien en Chine. L’entreprise a d’ailleurs admis en décembre 2022 qu’elle avait eu accès à des données d’utilisateurs, dont deux journalistes.»

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