D'Alexa aux filtres TikTok, gare à vos données biométriques

Les reconnaissances faciales et vocales sont développées partout autour de nous. Mais les données sur lesquelles elles reposent doivent être mieux protégées.

Vous avez déjà utilisé un filtre Snapchat? Déverrouillé votre téléphone avec votre visage? Parlé à Siri ou à Alexa? Alors les reconnaissances faciales et vocales font parties de votre quotidien. Mais attention, ces données sont précieuses.

Pourquoi on en (re)parle. Dernièrement, un appel d’offres des CFF à propos de caméras pour analyser les mouvements des utilisateurs a fait débat. Et même si les CFF ont renoncé à utiliser cette technologie, son utilisation dans l’espace public en Suisse est techniquement possible. Mais alors, est-ce qu’on est déjà tous espionnés?

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Et il n’y a pas que la vidéo qui interroge. L’utilisation d’assistants vocaux se répand dans l’espace privé: les enceintes intelligentes dans le salon, les assistants dans les voitures ainsi que dans les smartphones…

Et vos données biométriques, dont font partie nos données faciales et vocales, dans tout ça? Ce sont des données personnelles comme les autres.

Dans une étude sur le sujet, l’académie suisse des sciences émet notamment quelques réserves sur Alexa, Google Home ou Jarvis dans Iron Man:

«En permanence en mode écoute, elles sont susceptibles d’enregistrer des informations confidentielles.»

Aux Etats-Unis, Amazon s'expose à une sanction financière pour ne pas avoir été plus respectueux des données personnelles liées aux plus jeunes utilisateurs de son assistant vocal Alexa. De son côté, Apple promet que les données biométriques liées à l’utilisation de Face ID sont sécurisées directement sur l’appareil. Le réseau social TikTok se montre moins scrupuleux, s’autorisant à aller piocher des données d’utilisateurs, comme les traits du visage ou la voix.

Petit retour historique. La reconnaissance faciale ne date pas d’aujourd’hui. En 1960, on essayait déjà de cartographier certains points de nos visages. Sans grand succès, jusqu’à quelques améliorations dans les années 70, puis les années 90. C’est d’ailleurs à ce moment-là que les films de science-fiction ont commencé à s’emparer du sujet.

Et comment ça marche? Une caméra analyse différents points de notre visage. Sauf que là, ce n’est pas pour y placer des oreilles de chiens ou corriger nos défauts physiques. Les points de notre visage ont la même fonction que notre empreinte digitale: ensemble, ils sont uniques.

De son côté, l’histoire de la reconnaissance vocale commence, elle, en 1950. Dès 1970, une machine est capable d’identifier 1000 mots. Mais le système est limité par la puissance des ordinateurs de l'époque. Dans les années 2000, l'évolution des technologies permet à Siri et autres assistants vocaux d'envahir nos vies. Avec la même technique depuis le début: la vibration de la voix est transformée en signal électrique, puis numérisée. Le système est ensuite longuement entraîné pour reconnaître différentes prononciations et accents et en faire fi.

Et dans les autres pays, on en est où? La Suisse n’est pas le seul pays où ça fait débat. Aux Etats-Unis, Taylor Swift a déjà utilisé la reconnaissance faciale dans l’un de ses concerts, Paris réfléchissait à s’en servir pendant les Jeux olympiques 2024… Si Paris a écarté l’idée, la reconnaissance faciale a bien été utilisée au Qatar lors de la dernière Coupe du monde.

C’est en Chine que son utilisation est la plus répandue. Sur les réseaux sociaux, on peut souvent voir ce genre d’images: des collégiens qui paient leur repas à la cantine en montrant leur visage, ou des portes qui s’ouvrent seulement après le scan du visage.