Bientôt remplacés par l'IA? Les emplois de bureau seront en première ligne
Quels sont les emplois les plus menacés par ChatGPT et les autres intelligences artificielles? Au-delà des fantasmes, une chose est sûre: elles ont le potentiel de bouleverser le monde de travail. Et cette fois, les emplois de bureau qualifiés seront en première ligne.
Elles ont une capacité d’adaptation et de synthèse étonnante. Les IA génératives, fondées sur des modèles de langage de grande taille comme ChatGPT, pourraient faire trembler le monde du travail – et les emplois de jusqu’à 300 millions de personnes, selon une analyse récente de Goldman Sachs. Dans certains secteurs, jusqu’à la moitié des emplois pourraient être automatisés. Cette nouvelle vague d’automatisation devrait aussi toucher des emplois de «col blanc», jusque-là peu exposés…
L’automatisation du travail, un serpent de mer.
Les études se suivent et se succèdent, et les prédictions alarmistes ne se concrétisent pas toujours. Il y a dix ans, l’Université d’Oxford affirmait que près de la moitié des emplois risquaient de disparaître à cause de l’automatisation – une affirmation finalement revue à la baisse dans des travaux ultérieurs.
Il y a plus d’un siècle toutefois, les gains de productivité permis par les révolutions industrielles avaient conduit à une réorganisation totale du travail.
Lire aussi: Tout comprendre à ChatGPT et aux IA génératives
Ce qui a changé avec ChatGPT et ses cousines. En quoi la nouvelle vague d’automatisation portée par les IA génératives sera-t-elle différente? Yash Raj Shrestha, professeur à HEC Lausanne et directeur assistant du laboratoire d’IA et de stratégie à l’EPFZ, revient sur les percées technologiques des dernières années:
«Jusqu’il y a environ six ans, les IA étaient surtout utilisées pour les systèmes de classification ou de recommandation. En parallèle, le domaine de la vision par ordinateur (qui permet le traitement des images, ndlr) a connu un développement phénoménal. Cette génération d’IA a entraîné une vague d’automatisation touchant potentiellement tous les aspects des entreprises. On a par exemple pu le voir avec Amazon.»
Pour lui, le saut est qualitatif, c’est désormais la créativité qui peut être automatisée:
«Avec la vision par ordinateur ou les systèmes de classement par IA, on se contente d’explorer ce qui existe, alors que les IA génératives permettent de créer de nouvelles choses. La nouveauté, c’est d’automatiser la créativité qui était jusque-là l’apanage des humains.»
Or, contrairement aux idées reçues, la créativité n’est pas seulement mobilisée par les métiers artistiques. «Dans de nombreux emplois, nous créons du texte, des images, de la musique… Or, GPT4 gère l’ajout de données multimédias pour personnaliser ses réponses. Cela permettra d’automatiser beaucoup de tâches en créant une myriade de cas d’usage», poursuit le spécialiste.
Les emplois de «col blanc» sont, eux aussi, concernés:
«Les consultants de McKinsey ou du BCG créent des diapositives PowerPoint pour exprimer des idées, les juristes préparent des documents juridiques… Tout cela relève de la créativité au sens large. Même au-delà des entreprises, qui ne seront pas les seules affectées. C’est aussi le cas de toute l’industrie de la création de contenu au sens large, par exemple sur YouTube, ou sur des blogs.»
Lire aussi: GPT-4: Après le texte, ChatGPT se met à l'image – et bientôt, la voix?
Qui sera remplacé par un robot? La guerre des chiffres. Depuis quelques semaines, les estimations chiffrées de l’impact à venir de cette nouvelle vague d’IA sur l’emploi se succèdent: