En 1955, une fusion est tentée avec la Revue de Suisse, entreprise éphémère dont Trolliet avait auparavant pris la direction aux côtés d’Ilia Grünberg, publiant dix numéros entre 1951-1952. Dans la filiation des Cahiers vaudois (1914-1919) créés par Edmond Gilliard et Paul Budry, sans doute inspirée aussi par la Revue de Genève (1920-1930) dirigée par Robert de Traz (l’auteur de L’Esprit de Genève), Présence a tout au long de son existence tenté de réunir et rassembler les forces vives du champ littéraire et culturel de Suisse française, mais aussi francophone et international, selon une orientation dont se sont inspirées dans sa suite Suisse romande de Daniel Simond (1941-1939) et Suisse contemporaine de René Bovard (1941-1949), deux revues auxquelles Trolliet collabore.
Gilbert Trolliet endosse également l’habit du chroniqueur et du critique: le poète genevois publie régulièrement non seulement des poèmes, mais aussi des chroniques ou des comptes rendus dans de nombreux périodiques littéraires: dans Aujourd’hui, dirigée par C. F. Ramuz (1929-1931); à plusieurs reprises, dans la Revue de Belles-Lettres, entre 1931 et 1937, et à nouveau entre 1960 et 1974); dans Formes et Couleurs d’André Held, entre 1940-1944 ; dans Traits (1940-1945), dirigée à ses débuts par François Lachenal et Jean Descoullayes; dans Lettres (en 1944 et 1945), revue genevoise qui compte notamment dans son comité Jean Starobinski, Marcel Raymond et Georges Haldas; dans La Revue transjurane ensuite, entre 1947 et 1950, puis entre 1953 et 1965 dans Témoins, une revue éditée à Zurich par Jean-Paul Samson. Trolliet collabore également à des titres de presse, en publiant notamment dans les pages littéraires du Journal de Genève et de la Gazette de Lausanne, du milieu des années 1940 jusque dans les années 1970; il tient par ailleurs une chronique cinématographique hebdomadaire dans la Tribune de Genève en 1941 et 1942.
La publication récente au Mercure de France d’une anthologie inédite de Gilbert Trolliet, Le Fleuve et l’Être (2021), permet de redécouvrir sa poésie et ses engagements intellectuels et cosmopolites, grâce notamment à une préface d’Alain Borer et une postface de Valère Novarina, ainsi qu’à un texte publié en 1969 dans les Actes de l’Institut national genevois: Autoscopie.