Le coup de massue pour la culture valaisanne vu par le directeur des théâtres de Sion
La fermeture des lieux culturels en Valais pour ralentir la deuxième vague de Covid-19 a eu l'effet d'une bombe. Réaction de Stefan Hort, nouveau directeur des théâtres de Sion.
Le rideau tombe avec fracas en Valais. Le Canton ferme à nouveau ses théâtres et tous les lieux culturels jusqu’au 30 novembre pour ralentir la deuxième vague de la pandémie du coronavirus. Après la sidération, place à l’action pour les équipes du Théâtre de Valère et du Petithéâtre de Sion. Au bout du fil, Stefan Hort en impose par son calme et sa philosophie. À 34 ans, le metteur en scène de la compagnie.sh est le nouveau directeur de ces deux institutions. «Ce n’est pas comme l’enclume qui nous a écrasés au printemps. Cette fois, on savait que cela pouvait se produire. Mais ça reste une annonce choc!» Silence. À la sortie d’une réunion de crise avec les différents théâtres valaisans, il pèse ses mots. «L’inquiétude est plus profonde. Ce n’est plus juste une mauvaise passe, c’est durable.»
Malheur du calendrier, certaines pièces sont repoussées pour la 2ème fois. Comment les re-programmer dans une saison 2021 déjà dense et instable? «Le pire, c’est l’incertitude constante car les annulations vont pleuvoir encore en décembre. C’est déjà le cas pour des scolaires.»
A vif, certains décrivent un sentiment d’injustice face à ce couperet imposé à la culture valaisanne. Les bars et restaurants, eux, peuvent ouvrir jusqu’ à 22h... Pourquoi pas les théâtres qui ont suivi à la lettre toutes les recommandations sanitaires? «C’est vrai, on a été de très bons élèves proposant souvent un plan de protection plus strict que demandé. C’est un peu l’incompréhension mais je ne le vois pas comme une sanction. La sécurité sanitaire prime.»
Stefan Hort préfère éviter les comparaisons et orienter son énergie ailleurs. «Dans ce genre de situation, rien n’est équitable. Les chiffres montrent que le taux de transmission est très faible dans les salles de spectacle mais les autorités jugent notre fonctionnement incompatible avec le combat contre le Covid-19, alors j’accepte.»
La surcharge administrative qui suit l’annonce brutale du gouvernement, il fait avec aussi. «Heureusement, je travaille avec des gens solidaires. Ensemble, même si on est assommé par cette deuxième fermeture, on se concentre sur nos activités et nos missions. Les techniciens le lendemain à 9h tapante, ils étaient sur le plateau en train de réfléchir aux adaptations logistiques et aux réparations qu’ils pouvaient effectuer pendant cette fermeture.»
Le public doit quitter le foyer de Valère et du Petithéâtre mais les compagnies elles (Stefan Hort respire de soulagement) peuvent encore créer dans ces espaces dédiés. «Il faut pérenniser l’écosystème théâtral. C’est notre responsabilité de garder ouverts ces lieux d’expression.»
Pour conserver un semblant de «normalité» dans le chaos ambiant, le Valaisan avoue plancher sur la programmation de la saison 2021/2022 qu’il signera en tant que directeur pour la première fois. «Ce n’est pas simple de se projeter mais cela nous permet à toutes et tous de tenir bon.»