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Le Château de Gruyères déconfine en faisant la fête à l’art

Le directeur Filipe Dos Santos devant l’œuvre «The Slow Rush» exposée actuellement dans la cour du Château de Gruyères. Photo: DR

Cet article est extrait de notre newsletter quotidienne «Sortir de la crise».

Cela ne fait aucun doute quand on arrive: à Gruyères, on se trouve au cœur de la carte postale. Au milieu de ce panorama idyllique et 100% helvétique, le village, ses boutiques de souvenirs et ses restaurants fleurant bon les clichés suisses se déploient autour de l’allée pavée. Cerise sur la colline: le Château de Gruyères. Le plus visité du pays avec celui de Chillon. Haut lieu touristique international, il ne manque pas d’émerveiller ses quelques 160’000 visiteurs annuels… en temps normal.

Filipe Dos Santos, son directeur depuis six ans et demi, observe fièrement flotter The Slow Rush (La Lente Précipitation) dans la cour. L’œuvre a été créée spécialement pour le lieu par les artistes Matthieu Barbezat et Camille Villetard. Comme une trêve dans le chaos ambiant, l’immense voile en fil d’or transparent est illuminé par les rayons du soleil dans ses moindres plis ondulants. «Nous étions très impatients de ressortir la pièce, se réjouit-il. Pendant tout le semi-confinement, on n’a pas arrêté de programmer, redéprogrammer en fonction des nouvelles. C’était un travail constant.» A l’arrêt forcé, l’équipe en a profité pour prendre le temps d’affiner certains projets. «Pendant cette période de calme, c’était agréable de pouvoir suspendre le rythme de travail pour observer des choses auxquelles on ne prête pas forcément attention lorsqu’on est à flux tendu dans nos activités.»

Pour boucler la boucle en beauté, le vernissage prévu et annulé in extremis en mars a eu lieu jeudi 2 juillet. Filipe Dos Santos se souvient: «Lundi 16 mars au matin, j’étais en présence des artistes pour peaufiner les détails, nous travaillions sur le projet depuis plusieurs mois, l’installation a nécessité beaucoup de recherches techniques. Puis tout-à-coup à 16h, il n’était plus possible de présenter l’œuvre au public. Au dernier moment, on a dû décrocher, coupés en plein élan enthousiaste. C’était extrêmement étrange.»

En même temps que l’organisation de la fermeture du château et l’information auprès des responsables et des collaborateurs, la question était de savoir quand et dans quelles conditions la pièce allait pouvoir être exposée. Lorsque ce fut à nouveau possible, le directeur et son équipe ont décidé de marquer le coup en vernissant simultanément les expositions A hue et à dia de Barbezat-Villetard et Photo Esplanade. «Pour nous, c’était important de faire la fête à l’art, d’être généreux en en montrant un maximum. C’est une façon dire, allons-y, amusons-nous!», s’enthousiasme-t-il au détour des panneaux présentant les travaux d’Etienne Francey, Emmanuel Gavillet, Elise Heuberger et Tomas Wüthrich, les quatre photographes sélectionnés pour cette édition de Photo Esplanade en collaboration avec la nouvelle association Photographie professionnelle et artistique fribourgeoise (PPAF). «Beaucoup de gens connaissent le château de Gruyères sans forcément y entrer, ils le contemplent depuis l’extérieur. Ces deux expositions représentent l’occasion pour une partie du public de franchir les portes et le voir depuis l’intérieur.»

Atout du lieu historique et ses quatre expositions annuelles, il existe plusieurs manières de visiter le château. «Nous n’avons pas un, mais des publics. Le tourisme étranger représente 60 à 65% de nos visiteurs. On observe un timide retour de nos pays limitrophes depuis que les frontières ont rouvert avec la France, l’Italie et l’Allemagne. Entre 30 et 35% sont des publics suisses, majoritairement des Fribourgeois, des Vaudois, des Genevois et des Bernois. Nous avons des passionnés d’Histoire, des gens qui viennent pour les expositions, mais aussi des amateurs de jardin et même un public plus restreint, les Lisztomaniaques qui viennent pour le pianoforte réalisé pour Franz Liszt par une manufacture genevoise en 1835 et qui fait partie de la collection». Bonne surprise depuis la réouverture, le public suisse alémanique est au rendez-vous et augmente de façon significative.

Signe distinctif des expositions d’art contemporain, les artistes sont invités à prendre possession des salles historiques. «L’objectif est d’amener un public pas toujours habitué à l’art contemporain à en découvrir dans un cadre particulier. Les artistes utilisent l’endroit pour faire dialoguer leurs pièces avec le lieu.» Il garde un souvenir particulier de l’exposition Chute de Rome de l’artiste genevois Christian Gonzenbach en 2016: «Il avait littéralement pris d’assaut le château en créant des pseudo-machines de guerre en bois un peu patraque de sept mètres de hauteur inspirées du Moyen-Âge. C’était très amusant, parce que pendant longtemps, on voyait les machines au milieu de la cour sur la photo Google du château».

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