Le casse-tête des petits éditeurs face à la pandémie
Ce vendredi 30 octobre, pour le Salon du livre en ville, la librairie du Rameau d’Or, à Genève, devait accueillir une rencontre autour des Toupies d’Indigo Street de Guillaume Gagnière, suivie d’une lecture accompagnée du musicien Robin Girod (Cheptel Records). L’avalanche de quarantaines en a décidé autrement: l’événement a été annulé. L’occasion, pour s’en consoler, de faire le point avec l’auteur sur l’itinéraire d’un ouvrage en pleine période de pandémie. Et surtout d’en tirer une idée de la situation des petits éditeurs romands en ces temps de crise.
Une avalanche d’annulations. En avril 2020, Guillaume Gagnière, 30 ans, venait à bout d’un long périple en publiant à Genève, aux Editions d’autre part, Les Toupies d’Indigo Street. C’était son premier livre: un récit, tout en méditations et observations, du long voyage en solitaire qui l’avait amené, pendant plus d’un an, à trimballer sa carcasse sur les routes d’Indonésie, du Japon et d’Asie du Sud Est. Seul ou avec d’autres routards, ses cloques aux pieds, transi de fièvre, sur sa planche de surf et au fond de ses bols de currys, le jeune Suisse suivait les traces lointaines de son maître à penser, l’écrivain Nicolas Bouvier. Régulièrement submergé par les expériences de la route –l’âpreté de la solitude, la vanité de l’exotisme, la fulgurance d’une rencontre– il prenait des notes compulsives qu’il s’envoyait par e-mail, en prévision du livre à venir: «Parfois, on a le sentiment qu’il y a trop d’émotions pour une personne, qu’il n’y a qu’en écrivant qu’on peut absorber cette matière», raconte l’auteur, en quarantaine depuis qu’un de ses collègues a été testé positif au Covid-19.