En parallèle de la partie permanente, des performances «site-specific» s’échapperont du Commun: Bâtiment d’art contemporain de Genève pour rejoindre plusieurs lieux en ville. Avec cette première édition, l’ancien co-directeur du centre culturel suisse à Paris tisse – via son association Arta Sperto – un itinéraire entre sculptures, partitions chorégraphiques et installations visuelles.
Pour Heidi.news, les chorégraphes suisses Marie-Caroline Hominal et Grégory Stauffer reviennent sur leur processus de création en cette période troublée.
Idées nourries pendant le confinement
«J’ai toujours eu peur de faire du mouvement pour du mouvement alors j’ai tendance à dessiner des maquettes avant de créer», lance en préambule Marie-Caroline Hominal, lauréate d’un Prix Suisse de la Danse 2019, catégorie «Danseuse exceptionnelle». Ces partitions de travail, elle les expose en primeur au Commun. En parallèle, la chorégraphe basée à Genève imagine aussi une performance dédiée à la sculpture-peinture: Fragments. «Je donne à voir des détails de mon corps comme un peintre mettrait en images des gros plans d’un tableau dans un livre d’histoire de l’art».
Les récents événements ont-ils influencé ses recherches? Oui, mais pas autant qu’on pourrait le croire.
«Mon travail a été impacté par le confinement mais dans un autre univers, j’aurai été influencée par d’autres paramètres. Il s’agit de notre réalité», formule-t-elle.
Elle a notamment puisé dans son récent intérêt pour les stories d’Instagram dans Le triomphe de la renommée, des séquences vidéo qui seront également projetées pendant l’exposition. «J’ai flashé tardivement pour ce réseau social. Mais il fallait bien trouver une nouvelle scène pour s’exprimer», finit Marie-Caroline Hominal.
L’art du présentiel
Quant à Grégory Stauffer, installé depuis quelques mois à Bienne, il lie depuis le début de sa carrière performance et arts graphiques. Dans Sitting, il explore tout en précision la position assise, modelant des sculptures en mouvement. «Sans scénographie, sans lumière, j’ai crée une proposition brute. L’environnement alentour est un partenaire de jeu suffisant. Je m’y sens à la maison.» Il travaille sur le concept de présence. Alors que l’on pourrait croire que cette recherche chorégraphique est née d’une période statique dû au confinement, elle est en fait une réponse à Walking, un de ces précédents projets basés sur la marche.
Pour l’artiste associé et résident à l’Arsenic à Lausanne, la suspension printanière était plutôt synonyme de régénération.
«Du moment qu’on a fait le deuil de ce qu’on aurait pu faire, c’était l’opportunité de faire moins, de ressentir davantage.»
Il souligne par contre la nécessité de réactiver les rencontres artistiques à l’image de ce nouveau rendez-vous au bout du Lac Léman. «Nos corps détiennent une intelligence fondamentale pour nous développer en tant que société. Les arts vivants permettent d’entrer dans une écoute vitale. Ca nous fabrique dans notre humanité», conclut-il, tout en philosophie.