Danitsa ou la possibilité d’une île
Alors que la jeune artiste genevoise annonçait mercredi une prestigieuse signature chez le mythique label Island Records, notre journaliste remonte le fil du temps pour nous raconter l’éclosion intime et fulgurante d’un talent singulier.
Je l’avais remarquée dès le premier jour de classe: assise au centre de la salle austère, seule, ses camarades éparpillés autour d’elle. Légèrement encaissée, la pièce ne prenait pas bien la lumière. Sur le côté, en relevant légèrement la tête, on devinait l’agitation du dehors et les jambes des passants.
Shanna ne s’appelait pas encore Danitsa, elle avait 15 ans ou peut-être 16 et j’étais son prof d’anglais dans un bahut privé de Genève. Assise au beau milieu de cette étroitesse, elle me regardait fixement avec de grands yeux mélancoliques foudroyés d’ennui. J’aurais pu en prendre ombrage mais ce ne fut pas le cas: son ennui rêvait d’ailleurs. Je lui montrerais le chemin.