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Zéro carbone dans l'aviation: des promesses dans le vent?

L'aviation civile doit non seulement composer avec ses émissions de CO2, mais aussi avec ses autres effets climatiques, par exemple via les traînées de condensation. |KEYSTONE / EPA / NASA / EDDIE WINSTEAD

Deux chercheurs suisses ont calculé à quelles conditions le secteur du transport aérien peut respecter ses promesses de décarbonation. Pour l’instant, le compte n’y est pas.

Peut-on décarboner le secteur aérien? Les professionnels du secteur aérien en sont convaincus. En octobre dernier, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) annonçait en grande pompe viser la neutralité carbone en 2050, principalement grâce à des gains d’efficacité et en recourant à des «carburants d’aviation durables» (Sustainable Aviation Fuel, SAF). Deux chercheurs suisses ont pris l’industrie aérienne au mot, et ont calculé à quelles conditions ce virage vert serait possible.

Pourquoi ça tombe à pic. A la COP27, les Etats sont sommés de rendre des comptes sur la façon dont ils comptent honorer leurs engagements climatiques de l’accord de Paris. Mais rien de tout cela n’est actuellement en place pour l’aérien, secteur où les promesses sont non contraignantes.

A quelles conditions le plan de l’OACI peut-il fonctionner? Existe-t-il encore de la place, comme le pensent les industriels, pour les avions dans un monde zéro carbone? Peut-être, répondent les deux scientifiques… mais à des conditions qui ne vont pas plaire aux concernés: il faudra réduire le trafic aérien.

Lire aussi: Les tours de passe-passe de l'industrie aérienne pour minimiser ses émissions carbone

L’écart entre l’ambition et la réalité. Dans leurs travaux, publiés dans une revue internationale d’économie, Sascha Nick et Philippe Thalmann, respectivement chercheur et professeur en économie de l'environnement à l'EPFL, ont analysé à quelles conditions le secteur aérien pouvait tenir ses promesses. Sascha Nick explique la teneur de l’exercice à Heidi.news:

«Nous avons voulu confronter ces annonces très ambitieuses et les confronter à la réalité. Car dans le secteur aérien, il y a un écart important entre les objectifs annoncés et les actions.»

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les transporteurs aériens entendent se baser sur:

  • l’adoption accélérée de technologies aéronautiques plus efficaces,

  • le recours à des carburants d’aviation «durables» (SAF) au lieu du kérosène, puis à l’hydrogène d'ici à 2050,

  • la rationalisation des opérations aériennes (sans davantage de précision),

  • Enfin, leur programme Corsia, un mécanisme de compensation carbone volontaire en place à partir de 2024, qui deviendra obligatoire à partir de 2027. Il ne s’agit pas de compenser entièrement les émissions, mais de les maintenir à leur niveau de 2019…

Les trous dans la raquette

Le compte y est-il? Sur plusieurs de ces points, le plan se heurte à la réalité:

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