Vous voulez faire pleuvoir sur Abu Dhabi? C'est le dernier jour pour s'inscrire

Abu Dhabi vue du ciel. | Pixabay / Andy Bay

Abu Dhabi cherche des faiseurs de pluie... Un concours financé à coups de millions par les Emirats arabes unis, qui veulent percer le secret des précipitations. Des recherches controversées mais pressantes, dans un pays trop sec, beaucoup trop sec.

Cet article est en accès libre. N'hésitez pas à nous soutenir en vous abonnant.

Dans les régions arides et semi-arides du golfe Arabo-persique, la pluie, historiquement rare, ne tombe plus assez. Avec seulement 140 à 200 millimètres par an en moyenne, selon le Climate Change Knowledge Portal, le développement fulgurant de villes comme Dubaï ou Abu Dhabi est menacé.

Pourquoi on en parle. Si l’eau manque, l’argent du pétrole et du gaz, lui, continue à tomber du ciel. Les Emirats arabes unis (EAU) financent ainsi le UAE Research Program for Rain Enhancement Science (Uaerep), un concours créé en 2015 et qui rallie la crème des chercheurs dans le domaine.

Dernier délai pour soumettre une candidature dans le cadre de la nouvelle édition: ce soir, 9 mars 2023.

Les trois lauréats seront dévoilés en janvier 2024, et recevront un prix d’un demi-million de dollars chacun. L’Uaerep indique:

«Notre pays mène la danse dans la promotion de l’innovation pour le bien des futures générations soumises aux aléas du manque d’eau. Il y a un réel danger danns le stress engendré par la raréfaction de l’eau, qui pourrait générer les conflits civils et entre Etats (...). L’objectif immédiat de notre programme est d’augmenter les précipitations aux Emirats, [mais] notre intention est de générer des résultats qui pourraient avoir une utilité pour d’autres pays.»

Soutenu par l’OMM. Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale, indique que son institution est favorable au projet:

«L’OMM encourage la recherche dans la stimulation de la pluie. Par le passé, notre directeur de la recherche a pris part à la cérémonie des récompenses et notre secrétaire général effectue des visites régulières aux EAU.»

Du côté de Météosuisse, l’enthousiasme ne semble pas aussi communicatif — peut-être en raison d’une météo plus clémente. Mikhaël Schwander, prévisionniste:

«À ma connaissance, seuls les vignerons envoient des fusées porteuses d’iodure d’argent dans les nuages pour réduire la taille des grêlons. Pour réagir à la diminution des précipitations, la Confédération privilégie des mesures d’adaptation aux évènements météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses, et ne cherche pas à changer la météo.»

Ainsi:

«Voler les nuages». Les méthodes d’augmentation des précipitations des EAU ne font donc pas l’unanimité. Au Moyen-Orient, les ingénieurs de l’Uaerep sont accusés par des pays voisins de «voler les nuages». Un conflit en cours dont le New York Times s’est récemment fait l’écho.


Les lauréats des éditions précédentes

Ca peut donner des idées. Notez qu’il n’y a (encore) parmi eux aucun Suisse.

  • Pr Murakami (2015): Etude sur les effets de l’ensemencement des nuages sur le long terme

  • Pr Linda Zou (2015): Utiliser les nanotechnologies pour accélérer la croissance des noyaux de condensation

  • Volker Wulfmeyer (2015): Optimisation de l'ensemencement des nuages par télédétection avancée et modification de l'occupation des sols

  • Paul Lawson (2016): Microphysique des nuages convectifs et effets de l’ensemencement hygroscopique

  • Hannele Korhonen (2016): Optimiser l’ensemencement par aérosol dans les stratégies d’amélioration de la pluie

  • Richard Harrison (2016): Aspects électriques dans la génération de la pluie

  • Ali Abshaev (2017): Créer des courants ascendants pour la formation de nuages artificiels et de précipitations

  • Eric W. Frew (2017): Observation ciblée et ensemencement via des systèmes de drones

  • Lulin Xue (2017): Utiliser des approches expérimentales et numériques avancées pour faire la lumière sur l’amélioration de la pluie

  • Bradley Baker (2021): Améliorer la pluviométrie dans les Émirats arabes unis par ensemencement hygroscopique à l'aide de nanomatériaux

  • Luca Delle Monache (2021): Un cadre hybride d'apprentissage automatique pour l'amélioration de la prévision immédiate des précipitations