Pourquoi on en parle. Si l’eau manque, l’argent du pétrole et du gaz, lui, continue à tomber du ciel. Les Emirats arabes unis (EAU) financent ainsi le UAE Research Program for Rain Enhancement Science (Uaerep), un concours créé en 2015 et qui rallie la crème des chercheurs dans le domaine.
Dernier délai pour soumettre une candidature dans le cadre de la nouvelle édition: ce soir, 9 mars 2023.
Les trois lauréats seront dévoilés en janvier 2024, et recevront un prix d’un demi-million de dollars chacun. L’Uaerep indique:
«Notre pays mène la danse dans la promotion de l’innovation pour le bien des futures générations soumises aux aléas du manque d’eau. Il y a un réel danger danns le stress engendré par la raréfaction de l’eau, qui pourrait générer les conflits civils et entre Etats (...). L’objectif immédiat de notre programme est d’augmenter les précipitations aux Emirats, [mais] notre intention est de générer des résultats qui pourraient avoir une utilité pour d’autres pays.»
Soutenu par l’OMM. Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale, indique que son institution est favorable au projet:
«L’OMM encourage la recherche dans la stimulation de la pluie. Par le passé, notre directeur de la recherche a pris part à la cérémonie des récompenses et notre secrétaire général effectue des visites régulières aux EAU.»
Du côté de Météosuisse, l’enthousiasme ne semble pas aussi communicatif — peut-être en raison d’une météo plus clémente. Mikhaël Schwander, prévisionniste:
«À ma connaissance, seuls les vignerons envoient des fusées porteuses d’iodure d’argent dans les nuages pour réduire la taille des grêlons. Pour réagir à la diminution des précipitations, la Confédération privilégie des mesures d’adaptation aux évènements météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses, et ne cherche pas à changer la météo.»
Ainsi:
L’Agroscope étudie de nouvelles possibilités de cultures en anticipant les changements de climat à venir.
Le Conseil fédéral a adopté un rapport sur la sécurité de l’approvisionnement en eau.
«Voler les nuages». Les méthodes d’augmentation des précipitations des EAU ne font donc pas l’unanimité. Au Moyen-Orient, les ingénieurs de l’Uaerep sont accusés par des pays voisins de «voler les nuages». Un conflit en cours dont le New York Times s’est récemment fait l’écho.
Ca peut donner des idées. Notez qu’il n’y a (encore) parmi eux aucun Suisse.
Pr Murakami (2015): Etude sur les effets de l’ensemencement des nuages sur le long terme
Pr Linda Zou (2015): Utiliser les nanotechnologies pour accélérer la croissance des noyaux de condensation
Volker Wulfmeyer (2015): Optimisation de l'ensemencement des nuages par télédétection avancée et modification de l'occupation des sols
Paul Lawson (2016): Microphysique des nuages convectifs et effets de l’ensemencement hygroscopique
Hannele Korhonen (2016): Optimiser l’ensemencement par aérosol dans les stratégies d’amélioration de la pluie
Richard Harrison (2016): Aspects électriques dans la génération de la pluie
Ali Abshaev (2017): Créer des courants ascendants pour la formation de nuages artificiels et de précipitations
Eric W. Frew (2017): Observation ciblée et ensemencement via des systèmes de drones
Lulin Xue (2017): Utiliser des approches expérimentales et numériques avancées pour faire la lumière sur l’amélioration de la pluie
Bradley Baker (2021): Améliorer la pluviométrie dans les Émirats arabes unis par ensemencement hygroscopique à l'aide de nanomatériaux
Luca Delle Monache (2021): Un cadre hybride d'apprentissage automatique pour l'amélioration de la prévision immédiate des précipitations