Une sixième limite planétaire vient d'être franchie: l'eau douce
Une sixième limite planétaire — celle du cycle de l’eau douce — vient d’être franchie, a annoncé une récente étude publiée dans Nature. Sur les neuf processus naturels qui régulent la stabilité de la planète et la rendent habitable, seuls trois sont encore viables. Dans leur évaluation, une équipe internationale de chercheurs du Potsdam Institute et du Stockholm Resilience Center ont intégré pour la première fois le concept d’«eau verte», soit de l’eau disponible pour les plantes — comme l’humidité des sols et l’évaporation, en la distinguant de l’«eau bleue», qui s’écoule dans les rivières, les lacs, les eaux souterraines et les mers. Lan Wang-Erlandsson, auteur principal de l’étude, partage son inquiétude:
«L'eau est le système sanguin de la biosphère. Mais nous sommes en train de modifier profondément son cycle. Cela affecte désormais la santé de la planète entière.»
Pourquoi c’est critique. S’il faut matérialiser le mur vers lequel s’élance l’humanité à vitesse grand V, les limites planétaires sont une bonne manière de le faire. Développé en 2009 par le Stockholm Resilience Center, ce concept délimite 9 seuils biophysiques qu’il ne faut pas franchir pour assurer un développement «sûr et juste» de la vie sur Terre. Depuis le début de l’année, c’est la deuxième limite franchie, avec la pollution chimique en janvier. En tout, en avril 2022, six frontières sur neuf sont ainsi dépassées:
Le changement climatique
L’érosion de la biodiversité
Le changement d’utilisation des sols
L’utilisation de l’eau
La perturbation du cycle de phosphore et de l’azote
L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère
Parmi les trois derniers seuils planétaires encore jugés «stables», on retrouve la couche d’ozone, le taux d’aérosols dans l’atmosphère et l’acidification des océans. Or, cette dernière limite s’approche dangereusement d’un point de bascule avec le réchauffement des océans, causé par la crise climatique.