Moins de neige. L’hiver en Suisse, ça ressemble normalement plus aux paysages de la Reine des Neiges ou ceux du Monde de Narnia. En exagérant un peu, on pourrait dire que cette année, nous étions davantage dans ceux de Mad Max ou d’Aladdin. Une chose est sûre: cet hiver, on a eu beaucoup moins de neige que d’habitude. La neige joue pourtant un rôle primordial pour la gestion de l’eau. Pour mieux glisser sur les pistes, certes. Mais aussi pour faire un stock d’eau pour l’été qui arrive.
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Qui dit moins de neige, dit moins d’eau en réserve, dit probable sécheresse cet été. Surtout que si on fait le bilan de ces derniers mois: on a eu un hiver tout vert, un mois de février sec et des pluies au mois de mars. Mais ce n’est pas ça qui va remplir nos nappes phréatiques.
En mars dernier, l’office fédéral de l’environnement (OFEV) se refusait à toute prédiction sur une éventuelle sécheresse pour l’été prochain. Toutefois, le retard est marqué: selon les derniers chiffres de fin avril, toutes les stations d’analyses de MétéoSuisse affichent un déficit hydrique. Côté précipitations, seuls quelques lieux comme Sion, Payerne, ou en Suisse orientale (Salen-Retenen, Buchs) sont tout juste au-dessus de la norme.
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Une situation critique qui prend également sa source depuis l’été dernier. L’Europe partait effectivement avec un retard hydrique: l’été dernier a été le plus sec en Europe depuis 500 ans.
Concernant la Suisse, l’OFEV estime que «pour compenser le déficit de neige, il faudrait statistiquement plus de 100 mm de précipitations dans toute la Suisse». Notamment dans les régions montagneuses, davantage touchées, où «il y manque localement plus de 200 mm d'eau».
Une sécheresse, multiples conséquences. En plus de perturber les populations, l’agriculture et l’industrie (surtout la production énergétique), les sécheresses ont des effets à long terme sur l’environnement. En d’autres termes, quand nos sols manquent d’eau, c’est nous qui trinquons:
- La planète est en voie de désertification: partout dans le monde, les sécheresses transforment nos sols. Sur un sol désertique, les végétaux ne poussent plus, et l’eau n’est plus retenue.
- Le manque d’eau a un impact direct sur l’eau de notre robinet. Par exemple, à Genève, l’eau vient à 80% du lac Léman, un lac d’origine glaciaire alimenté par le Rhône, et à 20% des nappes du Genevois et de l’Arve. Donc si le Léman est à sec, le robinet ne coulera plus.
- Le risque d’incendies est plus élevé. En avril, le Tessin et les Grisons, encore marqués par la sécheresse hivernale de cette année, avaient déjà un risque d’incendies de niveau 3 sur 5. Les pluies de ces derniers jours ont repassé la Suisse à un risque d’incendie faible.
Les prévisions sont-elles bonnes? Pas besoin d’être devin pour imaginer que dans les années à venir, tout va se passer pour le mieux:
Coté hiver, dans ses prévisions climatiques CH2018, la Confédération indiquait que le pays devrait s’attendre à plus de pluie en hiver, et donc moins de neige. Et qui dit moins de neige dit moins d’eau en réserve pour la période estivale.
Côté été, une équipe de chercheurs internationaux, sous l’égide de l’initiative World Weather Attribution (WWA) ont estimé que la sécheresse historique de l’été dernier en Europe devrait normalement se produire tous les 400 ans. Avec la hausse des températures, ils ont refait leurs calculs: on aura droit à une sécheresse similaire tous les 20 ans à présent.
Il fait chaud, vous ne trouvez pas?