Ce que cela signifie. Les engagements actuels permettraient de réduire les émissions de 5 à 10 % en 2030, ce qui mettrait la Terre sur la voie d'un réchauffement de 2,4 à 2,6 °C d'ici à la fin du siècle — un écart criant par rapport à la réduction de 45% que les scientifiques estiment nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, voire de 30 % pour un scénario à 2 °C.
Un autre rapport de l'ONU publié mercredi parvenait à une conclusion similaire, constatant que seuls 24 pays avaient renforcé leurs plans climatiques depuis la COP26, ce qui place le monde sur la voie d'un réchauffement de 2,5ºC d'ici à 2100.
Les scientifiques ont averti qu'une augmentation de la température de 1,5 °C ou plus pourrait faire basculer un certain nombre de systèmes climatiques de la Terre, entraînant des répercussions en cascade, voire des changements irréversibles. Selon une étude publiée en septembre, certains de ces points de bascule pourraient déjà avoir été dépassés depuis que le monde a atteinte un réchauffement de 1,1 °C, notamment l'effondrement de la calotte glaciaire du Groenland, qui pourrait entraîner une élévation du niveau de la mer, et d'un courant de l'Atlantique Nord, qui pourrait bouleverser le régime des pluies.
L'élévation du niveau de la mer ou les sécheresses et inondations imprévisibles affectent déjà la vie de millions de personnes, détruisant leurs maisons ou leurs récoltes. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a déclaré que les conséquences s'intensifieront à chaque dixième de degré gagné.
Une fenêtre d'action qui se rétrécit. Malgré ces sombres perspectives, le PNUE estime que l'espoir est encore permis si les pays agissent de manière radicale. «Nous avons eu l'occasion de procéder à des changements progressifs, mais ce temps est révolu», a déclaré Inger Andersen, directrice du PNUE, lors du lancement du rapport.
«Seule une transformation en profondeur de nos économies et de nos sociétés peut nous sauver d'une accélération de la catastrophe climatique.»
Le rapport identifie cinq secteurs clés où les émissions doivent être réduites de manière significative:
L'électricité. Si le passage aux énergies renouvelables est en bonne voie, le coût de l'énergie solaire, de l'énergie éolienne et d'autres sources renouvelables ayant considérablement baissé ces dernières années, il doit être accéléré. Le rapport invite les pays à éviter les subventions aux combustibles fossiles ainsi que la construction de nouvelles infrastructures, notamment en supprimant progressivement les besoins en charbon d'ici à 2030.
Les bâtiments. Ce secteur représente 17% des émissions mondiales. Etant donné leur durée de vie, les bâtiments «bloquent» les émissions pour longtemps, surtout s'ils sont inefficaces sur le plan énergétique. L’exploitation de nouveaux bâtiments devrait être exempte d'émissions de CO2, tandis que le taux d'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments existants devrait être porté à 2,5 ou 3,5 % par an, contre moins de 1% actuellement.
L'industrie. Les processus industriels, par exemple pour le ciment, le fer et l'acier, doivent être complètement décarbonisés, notamment en les électrifiant. Pour les secteurs à forte intensité énergétique pour lesquels l'électricité n'est pas une option, l'hydrogène vert présente un énorme potentiel.
L'alimentation. Responsables d'un tiers des émissions mondiales, qui devraient encore doubler d'ici à 2050, les systèmes alimentaires sont les principaux responsables du changement climatique, mais aussi de la perte de biodiversité et de la surexploitation des ressources en eau douce. S'attaquer au gaspillage alimentaire, mais aussi encourager les régimes végétaliens sont des exemples de la manière dont les émissions pourraient être réduites.
La finance. Le rapport appelle à une réforme du secteur financier, notamment en introduisant une tarification du carbone, une taxation, une réglementation ou la création de marchés pour les technologies à faible émission de carbone.
Inger Andersen a déclaré:
«Réformer l'économie mondiale et réduire de près de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 est un objectif ambitieux, voire impossible pour certains, mais nous devons essayer.»
Cet article a été publié une première fois en anglais par Geneva Solutions.