Pourquoi nous n’échappons pas au réchauffement climatique. Les stations de ski, qui affichent complet, doivent se faire une raison: nous ne retrouverons plus les neiges d’antan, même si des précipitations sont annoncées ces prochains jours. Le programme européen d’observation spatial de la terre Copernicus, qui scrute notre planète et son environnement, confirmait dans ses projections climatiques de 2021 que, d’ici la fin du siècle, nous verrons une augmentation des épisodes de pluies et une baisse des chutes de neige en décembre et janvier. C’est en priorité le nord de l’Europe qui sera touché. Dans le scénario d’un réchauffement planétaire au-dessous de 3 degrés, la part de la neige dans l’ensemble des précipitations pourrait diminuer de 22% à 9% dans la pointe sud de la Suède, alors que dans le sud de l’Europe, la neige, déjà rare, devrait tout simplement disparaître.
En Suisse, les scénarios climatiques CH2018, qui servent de base à la stratégie climatique du Conseil fédéral, ne disent pas autre chose. Depuis 1979, le nombre de jours de neige a été divisé par deux, au-dessus de 800 mètres d’altitude. En l’absence de mesures de protection du climat, l’isotherme du zéro degré se situera entre 1300 et 1500 mètres d'ici à 2060. A l’altitude d’Arosa, 1775 mètre, la quantité totale de neige devra être réduite de 40 à 50% par rapport aux valeurs actuelles. Les stations romandes, comme Anzère à 1500 m, les Diablerets à 1128 ou Charmey à 887 m, connaîtront le même sort, selon les climatologues.
Les scénarios CH2018 prévoient également l’augmentation des précipitations, particulièrement en hiver. C’est exactement ce qu’a vécu la Suisse romande ces derniers jours. L’Areuse, à Neuchâtel, est sortie de son lit, dans la nuit de vendredi 23 à samedi 24 décembre. Le niveau d’eau des rivières, dans la région de Monthey, dans le Bas-Valais, est monté dangereusement et les promenades aux abords des cours d'eau sont désormais interdites.
Des conséquences pour les écosystèmes. Le recul de la neige et son «remplacement» par la pluie aurait des conséquences profondes pour les écosystèmes, particulièrement dans les pays arctiques, rappelle Le Monde. Moins de couverture neigeuse diminuerait l’albédo terrestre, c’est-à-dire la capacité à renvoyer le rayonnement solaire vers l’espace, ce qui contribuerait à accélérer le réchauffement. Pour lever les principales incertitudes que fait planer cette menace, dix-huit institutions de recherche viennent de lancer un projet financé par l’Union européenne.
Il faudra aussi compter avec la fonte du pergélisol, la partie des sols actuellement gelée été comme hiver, notamment dans les Alpes, lequel pourrait libérer de grandes quantités de CO2 dans l’atmosphère.
Pendant ce temps sur le continent nord-américain… Pour une grande partie des Américains et des Canadiens, le week-end de Noël s’est trouvé chamboulé par une violente tempête hivernale, accompagnée de températures extrêmes, qui ont provoqué des coupures de courant massives et déjà causé la mort de plus d’une dizaine de personnes. Le thermomètre pourrait plonger jusqu’à moins 57 degrés dans certaines parties du pays, selon les météorologues. L’explosion glaciale, qui s'étend du Texas au Québec, frappe 200 millions de personnes. plus de 1,5 million de personnes ont perdu l'électricité. Des milliers de vols ont été annulés depuis vendredi 23 décembre.
Ce Noël 2022 vient rappeler que la Terre vit désormais sous le signe de l’urgence climatique