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Le GIEC à Interlaken: sur quoi négocient les politiques en coulisses?

Plus de 195 délégations du monde et des scientifiques sont réunis à Interlaken pour approuver le rapport de synthèse du Giec. | KEYSTONE/Peter Schneider

Scientifiques et délégations du monde entier sont réunis à Interlaken (BE) pour échafauder le résumé du 6e rapport du GIEC à l’intention des décideurs. Si le constat ne fait plus débat, les solutions divisent les pays, qui s’accrochent à leurs intérêts comme à une bouée de sauvetage…

Qu’on ne s’y trompe pas, ça chauffe dans les alcôves d’Interlaken, au cœur des Alpes bernoises. Depuis lundi 12 mars, les experts onusiens du climat y sont réunis pour approuver le sixième rapport de synthèse du GIEC… en format ONU, avec les représentants des 195 Etats. Ligne par ligne, se négocie le résumé final à l’intention des décideurs, qui doit servir de base aux politiques climatiques de demain. Autant dire que l’enjeu est fort.

Kari De Pryck, autrice de «GIEC, la voix du climat» et chercheuse en gouvernance de l’environnement à l’Université de Genève, assiste aux pourparlers en tant qu’observatrice. Une place privilégiée pour comprendre ce qui se joue en coulisses. Entretien.

Heidi.news – Les conclusions du GIEC ont déjà été validées et publiées. Quel est l’enjeu de ces négociations finales autour du rapport de synthèse à Interlaken?

Kari De Pryck – A Interlaken, les experts du climat et 195 délégations négocient, ligne par ligne, la synthèse des trois derniers rapports du GIEC. D’ici lundi prochain, ils vont ainsi résumer des dizaines de milliers de pages en une synthèse d’une trentaine de pages, à l’intention des décideurs. Aucune nouvelle connaissance ne pourra être ajoutée, mais la marge de manœuvre est grande dans la manière de formuler les phrases, et de sélectionner certaines informations, parfois au détriment d’autres.

Ainsi, les Etats voudront approfondir ou affaiblir certains passages, selon leurs intérêts. Les diplomates tentent d’avoir toutes les cartes «scientifiques» en main pour défendre leur position lors des prochaines conférences sur le climat, dont celle qui aura lieu en novembre à Dubaï (COP28).

Les pourparlers ne pourront se terminer qu’avec un consensus. Y a-t-il des points qui font encore polémique?

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur la réalité du réchauffement planétaire, et sur ses conséquences délétères. La controverse repose davantage sur les types de solutions qui vont être mises en avant pour s’adapter aux impacts du dérèglement climatique, mais aussi pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Faut-il privilégier des stratégies avec les énergies renouvelables, le nucléaire, la séquestration du carbone ou encore la réduction de la demande? Egalement controversée est la question des responsabilités de chacun dans la crise climatique. Ces dossiers brûlants sont au cœur des négociations actuelles.

Lire aussi: La carte des responsables et victimes du climat

Ce résumé doit servir à orienter les choix des politiciens du monde entier, pour naviguer la crise climatique. Quelles pistes d’actions recommande le GIEC?

Le GIEC propose un éventail de solutions, en restant relativement précautionneux et sans ne jamais prendre position. Il met notamment en avant le déploiement des énergies renouvelables, en soulignant que celles-ci coûtent moins cher que les combustibles fossiles. Dans le dernier volet, il soutient également qu’il est possible de facilement réduire 40 à 70% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 en réduisant la demande, soit à travers des changements de comportements et de société.

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