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La sobriété, star des Assises européennes de la transition énergétique à Palexpo

Un avion de la compagnie Swiss survole la rade à Genève. | KEYSTONE / Martial Trezzini

«Moins pour plus.» C’est le fil conducteur des 26es Assises européennes de la transition énergétique, qui ont lieu à Palexpo, Genève, du 31 mai au 2 juin. Ce rendez-vous incontournable des acteurs engagés dans la transition écologique accueille plus de 3500 congressistes pour trois jours de conférences, d’ateliers et de visites de terrain. De quoi faire souffler un vent de sobriété sur le Grand Genève.

Pourquoi c’est important. En avril dernier, le Giec brisait le tabou de la sobriété. Pour la première fois, les experts du climat soulignaient en quoi une réduction de la demande – non seulement par des changements de comportements individuels, mais aussi par des transformations systémiques – pouvait réduire les émissions de GES de 40 à 70%. L’enjeu de ces trois jours de conférences est de concevoir une société d’avenir, où la sobriété passera de tabou à pilier.

«Ce congrès nous invite à faire des choix», a amorcé Antonio Hodgers, conseiller d’Etat de la République du Canton de Genève et président de l’agglomération franco-suisse du Grand Genève qui a co-organisé l’événement. Avant de poursuivre:

«Le “toujours plus” a mené nos sociétés au pied du mur. Pour réconcilier les activités humaines avec les limites planétaires, il nous faut à présent choisir ce qu’on aimerait réduire et ce qu’on veut croître. Moins d’importations d’énergies fossiles, c’est aussi plus d’indépendance énergétique. Moins de pollution de l’air, c’est plus de santé publique… A nous de tracer le chemin que nous souhaitons suivre.»

La rencontre part d’un constat: la neutralité carbone ne pourra être atteinte qu’en réduisant la consommation énergétique. Le président du Grand Genève explique: «L’innovation est nécessaire à la transition écologique, mais ne suffira pas à elle seule: nous devons aussi revoir nos infrastructures qui sont issues des économies de l’après-guerre, ainsi que nos modes de vie.»

Des Assises en temps de guerre. Après deux ans par écrans interposés en raison de la pandémie, la 26ème édition des Assises s’inscrit dans un contexte géopolitique et énergétique sous haute tension, avec la guerre qui frappe aux portes de l’Europe. Pour Jean-Marc Rickly, responsable des risques mondiaux et émergents au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP), la crise d’approvisionnement énergétique qui en découle est porteuse de risques, mais aussi d’opportunités: «La crise énergétique et géopolitique actuelle, accentuée par la guerre en Ukraine, pousse les Etats européens à des révolutions coperniciennes, notamment en désinvestissant dans le gaz et le pétrole russe.»

Lundi 30 mai, l’Union européenne a ainsi trouvé un accord pour couper les importations de pétrole russe de 90% d’ici la fin de l’année, et d’ici août pour le charbon russe. Des revirements énergétiques à nuancer, comme le souligne Jean-Marc Rickly:

«Pour compenser ce déficit énergétique, le risque est que les Etats cherchent des solutions rapides qui favorisent les énergies fossiles – comme le charbon – plutôt que d’optimiser les technologies renouvelables.»

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