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4 novembre: Energie
Accord sur le charbon... sans la France et l’Allemagne. La nouvelle est tombée à 23h30, mercredi soir: 190 pays, régions et organisations se sont engagés à éliminer le charbon de leur approvisionnement énergétique et à ne plus financer ou construire de nouvelles centrales à charbon dédiées à la production d’électricité d’ici 2030, comme le relate Reporterre. Le charbon, le combustible fossile le plus polluant du monde, était au coeur des débats ce jeudi. La Chine n’a pas signé cet accord mais l’Allemagne et la France non plus.
Vers 1,8°C? Fatih Birol, le Directeur exécutif général de l’Agence internationale de l’énergie (IEA) a déclaré ce jeudi lors d’une conférence: «Hier soir, j'ai demandé à mes collègues de relancer les modèles de prévision pour prendre en compte les dernières décisions de la COP26, et le résultat est extrêmement encourageant: si tous les engagements actuels sur la neutralité carbone et le méthane sont pleinement mis en œuvre, nous serons sur une trajectoire d'hausse de la température de 1,8°C».
Une «excellente nouvelle» qui est néanmoins à nuancer: comme le souligne le rédacteur en chef du New Scientist Adam Vaughan: «le diable est dans les détails de la comptabilité, et dans le nombre d'engagements à long terme qui se traduiront en actions à court terme.»
Yesterday @ClimateRsrc saying #COP26 pledges so far would hold climate change to 1.9°C. Today @IEA claiming even lower, 1.8°C. But devil is in the detail of in the accounting, and how many long-term pledges are assumed to translate into short-term action. https://t.co/xoYQUe3CmL
— Adam Vaughan (@adamvaughan_uk) November 4, 2021
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+13,7% d’émissions d’ici 2030. La dernière évaluation par les Nations unies des engagements climatiques nationaux, mise discrètement en ligne le 4 novembre, offre une vision moins optimiste que celle de l’IEA. Avec 14 nouveaux plans déposés depuis le mois dernier, elle indique que les engagements pris avant Glasgow entraîneront une augmentation de 13,7% des émissions d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010.
A cette date, les émissions doivent pourtant avoir diminué de moitié pour tenir les engagements de l’accord de Paris. Ce qui compte, au final, c’est bien la rapidité avec laquelle ces nouveaux engagements seront suivi d’actions politiques concrètes. Selon le PNUE, les réductions annuelles moyennes pour rester sous la barre des 1,5 °C sont désormais quatre fois plus importantes qu'elles ne l'auraient été si l’ambition collective s avait commencé en 2010.
Un traité international menace l’Accord de Paris. Il s’appelle traité sur la charte de l’énergie (TCE) et pourrait bien se mettre en travers de l’accord de Paris. Cet accord international, qui établit un cadre multilatéral pour la coopération transfrontalière dans le secteur de l'énergie, permet en réalité aux firmes de l’énergie d’attaquer leurs gouvernements respectifs dès lors que leurs décisions politiques sont susceptibles d’affecter leurs profits.
Selon les estimations de Yamina Saheb, anciennement employée par le secrétariat du TCE et co-autrice du rapport du Giec, les investisseurs étrangers pourraient réclamer aux gouvernements jusqu’à 1300 milliards d’euros jusqu’en 2050, en compensation de la fermeture anticipée des centrales qui fonctionnent encore au charbon, au gaz ou au pétrole. Et tout cela financé par des fonds publics.
Energies renouvelables. Dans le viseur ce jeudi, le «Glasgow Breakthrough Agenda» sur les énergies renouvelables, qui n’a pas encore été approuvé par la Suisse, pourrait revenir sur la table. Il s’agit d’un engagement de collaboration internationale au cours de la prochaine décennie pour accélérer le développement et le déploiement de technologies propres et de solutions durables pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.
Et la Suisse? Selon une récente analyse du Temps, un pays sur cinq ferait mieux que la Suisse dans la production d’électricité verte:
Contrairement aux idées reçues, l'électricité #suisse n'est pas particulièrement renouvelable - 1 pays sur 5 fait mieux que la Suisse dans la production d’électricité verte
— 𝙳𝚞𝚌-𝚀𝚞𝚊𝚗𝚐 𝙽𝚐𝚞𝚢𝚎𝚗 (@duc_qn) November 4, 2021
👉🏼 https://t.co/XNaCyKMTyH#dataviz @letemps #COP26 #climate #electricity @LeTemps
🔌🇨🇭🌎♻️ pic.twitter.com/yBbPSHHiMg
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Le gaz et le pétrole. Davantage de pays devraient signer le «Beyond Oil and Gas Alliance», qui se concentre sur l'élimination progressive de la production de carburants fossiles. Deux types d’adhésion sont envisageables: les membres «de haut niveau» ne pourront plus délivrer de nouveaux permis d'exploration. Les membres «secondaires» peuvent rejoindre l’alliance s'ils ont fait des efforts d’élimination progressive des combustibles fossiles, par exemple en mettant fin aux subventions. Ce thème sera abordé jeudi, et davantage développé mercredi 10 novembre.
En finir avec les financements fossiles. Vingt pays et diverses institutions financières — dont la Banque européenne d'investissement — cesseront de financer le développement de combustibles fossiles à l'étranger, et réorienteront ces dépenses vers les énergies vertes dès l'année prochaine, a relaté le Guardian mardi. Il s’agit des États-Unis, du Royaume-Uni, du Danemark et de pays en développement, dont le Costa Rica.
Il est estimé que ce revirement générera environ 8 milliards de dollars par an pour les énergies «propres». Si l’accord prévoit d’interdire le financement de tout nouveau projet de combustibles fossiles à l’étranger, y compris le gaz, il ne touchera pas aux développements domestiques, ni à ceux provenant de sources privées. La Chine et le Japon — deux grands investisseurs en énergies fossiles — ont boudé l’initiative qui sera présentée ce jeudi.
L'accord ne couvrant que les nouveaux investissements, le Royaume-Uni pourra poursuivre le financement d'un gisement de gaz controversé en cours au Mozambique.
Energie solaire. Mille milliards de dollars devraient être investis pour l’énergie solaire d’ici 2030, entre les quatre-vingts pays membres de l’Alliance solaire internationale (ISA). La technologie serait en passe de devenir l’énergie la plus rentable au monde. Selon l’ISA, l'Inde et le Royaume-Uni lanceront le One Sun One World One Grid (OSOWOG). Le concept: construire un réseau solaire mondial qui facilitera le transfert d'énergie solaire d'une partie du monde à une autre.
Le calendrier
Première semaine:
Mardi 2 novembre: second jour du World Leader’s Summit, le rassemblement des chefs d’Etats. Retrouvez notre article récapitulatif.
Mercredi 3 novembre: Finance — mobiliser des fonds publiques et privés pour la mitigation et l’adaptation. Retrouvez notre article récapitulatif.
Jeudi 4 novembre: Energie — Accélérer la transition globale pour des «énergies propres».
Vendredi 5 novembre: Jeunesse et autonomisation (empowerment) du public — Faire entendre la voix des jeunes et démontrer le rôle essentiel de l'autonomisation et de l'éducation du public dans l'action climatique.
Samedi 6 novembre: Nature — Veiller à ce que l'importance de la nature et de l'utilisation durable des terres fasse partie de l'action mondiale contre le changement climatique et d'une reprise propre et verte.
Deuxième semaine:
Lundi 8 novembre: Adaptation, perte et dommages — Apporter des solutions pratiques nécessaires à l’adaptation aux impacts climatiques et aux pertes et dommages.
Mardi 9 novembre: Genre — Faire progresser l'égalité des sexes et la participation pleine et significative des femmes et des filles à l'action climatique. Sciences et innovation — Démontrer que la science et l'innovation peuvent fournir des solutions climatiques pour répondre et accélérer une ambition accrue.
Mercredi 10 novembre: Transport — Conduire la transition mondiale vers le transport zéro émission.
Jeudi 11 novembre: Villes, régions et environnements bâtis — Faire progresser l'action dans les lieux où nous vivons, des communautés aux villes et régions.
Vendredi 12 novembre: Fin des négociations