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La chute de Credit Suisse, une aubaine pour le climat?

Des militants déversent des sacs remplis de charbon pour dénoncer le financement de l'industrie fossile par la banque Credit Suisse, le 28 septembre 2018, à l’EPFL à Lausanne. | Keystone / Cyril Zingaro

Credit Suisse figure parmi les banques qui investissent le plus dans les combustibles fossiles. Son sauvetage sera-t-il l’occasion de responsabiliser le secteur financier à la crise climatique? L'avis d'Eric Jondeau, professeur de finance à HEC Lausanne.

Avant de couler, Credit Suisse s’est rempli les poches… en investissant dans les énergies fossiles, en grande partie responsables du réchauffement planétaire. Depuis la chute de ce géant, les marchés tremblent. La place financière suisse — qu’on croyait inébranlable — est sévèrement remise en cause, voire sommée de se réinventer…

Cette nouvelle crise économique serait-elle l’occasion de réorienter le secteur vers une finance plus durable? On en parle avec Eric Jondeau, professeur de finance et directeur du Centre pour la gestion des risques de HEC Lausanne.

Heidi.news – Credit Suisse figure parmi les plus grands investisseurs dans les énergies fossiles. Sa chute est-elle un soulagement pour le climat?

Eric Jondeau – Credit Suisse accordait facilement des prêts à des entreprises actives dans les énergies fossiles, notamment celles qui explorent des nouveaux gisements de pétrole, de gaz et de charbon. Avec son rachat, ces contrats passeront simplement entre les mains d’UBS, qui n’est hélas pas non plus un modèle en matière de protection du climat. Les politiques d’exclusion des deux banques sont très similaires, c’est-à-dire insuffisantes.

A moyen terme, les banques aligneront sans doute leur politique de prêts sur la stratégie de décarbonation de la Confédération. Mais cette mutation sera bien trop lente: il est rare qu’une banque interrompe brutalement ses relations avec un client, d’autant plus que les contrats de prêts sont généralement sur le long terme. La marge de manœuvre sera néanmoins plus grande du côté des politiques d’investissement, bien plus malléables.

Une place financière climaticide?

D’après un test de l’OFEV (2022), la place financière suisse continue de trop investir dans les combustibles fossiles. Parmi les mauvais élèves, on retrouve Credit Suisse et UBS. Depuis l’accord de Paris, les deux banques auraient investi plus de 130 milliards de dollars dans les énergies fossiles, d’après l’ONG Reclaim Finance, y compris pour l’expansion de la production de pétrole, de gaz et de charbon.

Credit Suisse et UBS seraient d’ailleurs en tête des banques suisses qui investissent dans le charbon, dont la combustion est responsable de près de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre. A échelle nationale, l’économie suisse serait responsable de 60% des émissions domestiques de CO2, hors importations et voyages en avion, d’après une étude de McKinsey — les 40% restants provenant des ménages.

La confiance s’effrite. La place financière suisse est remise en cause, et appelée à se réinventer. Serait-ce une opportunité pour responsabiliser le secteur en l’orientant vers une finance durable?

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