Fresque du climat: le dessous des cartes d’un jeu à succès
La Fresque du climat, un jeu français destiné à sensibiliser aux enjeux climatiques, a essaimé dans de nombreux pays, dont la Suisse. On se penche sur la recette d'un succès qui ne se dément pas.
Un atelier-jeu de trois heures pour comprendre et s’approprier la crise climatique… et peut-être, lutter contre le sentiment d’impuissance. C’est le principe derrière la Fresque du climat, un jeu de 42 cartes lancé officiellement en 2018 par l’association éponyme en France, après trois ans de mise au point.
Les ateliers peuvent être aussi bien organisés par des particuliers que par des entreprises – de quoi toucher toujours plus de participants. Le succès est au rendez-vous: plusieurs centaines de milliers de personnes ont désormais participé à un atelier, et le jeu a essaimé dans de nouveaux pays, dont la Suisse.
Pourquoi c’est bien vu. Les rapports du Giec sont conçus pour fournir aux décideurs un état des lieux à jour des sciences climatiques, mais échouent à toucher le grand public. La Fresque du climat propose de revenir aux faits scientifiques – pour reconstruire des narratifs communs. Un exercice parfois désespérant, mais aussi cathartique.
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De quoi on parle. La «fresque», c’est un jeu de 44 cartes illustrées (23 pour la version enfants, 40 pour la version experts), né en 2018, qui s’appuie sur les rapports du Giec pour permettre de s’en approprier collectivement les concepts. Les ateliers organisés — y compris en Suisse — durent environ trois heures.
Le créateur du jeu et président de l’association Fresque du climat, Cédric Ringenbach, ingénieur de formation, explique en quoi consiste la première phase de l’atelier:
«Les cartes représentent soit des graphiques du Giec, soit des notions générales. Par exemple, l’homme de Trévise symbolise les activités humaines. La première phase de l’atelier va être de poser les cartes sur une grande feuille de papier, et de chercher à les relier avec des flèches et des petits dessins. Les grands principes derrière ces cartes, les participants en ont généralement entendu parler, mais sans toujours replacer ces notions dans leur contexte. On prend le temps de reconstituer les liens de cause à effet: par exemple, si ça chauffe, l’eau s’évapore, il y a plus de nuages, et donc davantage de pluie.
A la fin, on choisit un titre pour la fresque ainsi dessinée. On ne va pas se mentir, ce titre est souvent un peu catastrophique.»
Les montagnes russes du climat. Une fois le constat posé, en deuxième moitié de partie, on réfléchit, guidé par l’animateur, on échange avec ses voisins pour trouver des solutions. «Je ne peux plus arriver à la deuxième partie sans avoir les larmes aux yeux», confiait Stéphane Genoud, professeur en management de l’énergie à la HES-SO Valais, qui a déjà assisté à des fresques, en marge d’une conférence organisée par Heidi.news.
«On sort généralement de la première partie avec le moral dans les chaussettes», reconnaît Cédric Ringenbach.