En Egypte, le gaz fait de l’ombre au solaire
Les autorités égyptiennes ambitionnent de produire près d’un quart de l’électricité du pays grâce à l’énergie solaire, un objectif qui se heurte à la surcapacité des centrales à gaz dans le pays.
De l’autre côté du mur d’enceinte de Charm el-Cheikh, au pied des montagnes du Sinaï, se trouve l’un des trois nouveaux parcs solaires construits à la hâte avant la COP27 pour tenter de transformer la cité balnéaire en ville verte modèle. «Les travaux n’ont duré que trois mois», se félicite Mohamed Khaled, chef concepteur de l’entreprise égyptienne Infinity. L’électricité produite sur le site, d’une capacité de 6MW, sera revendue en totalité à l’entreprise publique de transmission électrique (EETC). Les différents projets lancés permettent de répondre à une grande partie des besoins énergétiques de la ville.
Pourquoi ça coince. A l’échelle nationale aussi, on rêve d’accorder une place plus importante au solaire. Après plusieurs années de crise énergétique et pour faire face à la hausse de la demande, l’Egypte a adopté dès 2015 une stratégie visant à renforcer ses capacités et diversifier ses sources de production d’électricité. Mais six ans après la première formulation de ces ambitions, le chemin à parcourir est encore long. Les énergies renouvelables et le solaire en particulier continuent de ne représenter respectivement que 10% et 2% de la capacité installée, dominée par les centrales thermiques au gaz.
Le plan solaire. Le plan égyptien prévoit de faire grimper à 22% la part du photovoltaïque dans la production locale d’électricité d’ici à 2035, et à 42% au total pour les énergies renouvelables, solaire, hydraulique et éolien confondus.
Un objectif qui n'attendra pas 2035, puisque l'Egypte s'est engagée en juin à atteindre 40% d’énergies propres dès 2030. L'enjeu: faire baisser les émissions de gaz à effet de serre du secteur de 33% pour se conformer à ses engagements vis-à-vis de l’accord de Paris.
Le mégaparc solaire de Benban, s’étalant sur 37 km² de désert à quelques kilomètres d’Assouan, représente aujourd’hui l’essentiel du secteur photovoltaïque local, avec une puissance de 1,465 gigawatt. Une trentaine de développeurs locaux et étrangers ont investi dans le projet, inauguré en 2018, encouragés par des contrats aux tarifs d’achat attractifs.
Un développement au point mort. Depuis la mise en service de ce projet phare il y a plus de trois ans, le développement du secteur a toutefois connu un coup de frein. Les raisons sont à la fois conjoncturelles (la pandémie est passée par là) et structurelles, avec des énergies fossiles qui continuent de se développer et une offre énergétique qui dépasse la demande. Aucun parc de grande ampleur n’a été inauguré ces dernières années, tandis que plusieurs projets pour une capacité totale de 500 MW sont toujours en construction, d’après les données de l’ONG Global Energy Monitor datant du mois de mai.