Derrière la mine de charbon de Lützerath, une galaxie de banques suisses
L’extension d’une mine de charbon en Allemagne fait couler de l’encre depuis plusieurs semaines. Aux manettes du projet, l’exploitant RWE est considéré comme l’énergéticien le plus pollueur d’Europe. Dans son portefeuille, on retrouve une trentaine d’investisseurs suisses, dont Credit Suisse, UBS, Pictet et la Banque Migros. Heidi.news fait le point.
On le croyait une énergie du passé, mais le voilà qui renaît de ses cendres. Le charbon, source d’énergie la plus polluante, responsable de près de la moitié du réchauffement planétaire, a trouvé une seconde vie depuis la guerre en Ukraine, et la crise énergétique. Jamais le monde n’a autant brûlé de charbon qu’en 2022. Des Etats européens, comme l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et la Pologne, ou encore la France, relancent des centrales et partent en quête de nouveaux gisements.
En Allemagne, Lützerath, hameau menacé par l’extension de la mine de lignite de Garzweiler, dans le bassin minier rhénan, est devenu l’arène de la résistance contre ce combustible fossile utilisé dans les centrales électriques à charbon. La semaine dernière, des milliers d’activistes pour le climat, dont l'iconique Greta Thunberg, se sont vus expulsés du site.
Rasé, le village a depuis disparu sous les machines d’excavation. Surprenant? Pas pour l’Allemagne: ces cinquante dernières années, plus de 100’000 personnes ont dû abandonner leur logement à travers le pays, pour céder la place à des mines de charbon. Et la Suisse n’y est pas pour rien.
A ce jour, le site minier de Garzweiler– l’un des plus gros d’Europe — s’étend sur une superficie d’environ 35 kilomètres carrés, l’équivalent de la commune de Sion (VS).
A une trentaine de kilomètres de là, une seconde mine de lignite à ciel ouvert – nommée Hambach – est considérée comme la plus polluante d’Europe.
Propriétaire des deux sites, le conglomérat RWE est le premier énergéticien européen émetteur de CO2, et ce depuis 2002. Derrière cette multinationale allemande, on retrouve notamment une trentaine d’investisseurs suisses, dont la banque Pictet, Credit Suisse et la Banque Migros.
Une renaissance sur fond de crise. Si l’exploitant RWE a annoncé arrêter la production d’électricité au charbon d’ici à 2030, la mine de Garzweiler ne cesse de s’agrandir. Dans un communiqué, l’entreprise explique que l’extension est «nécessaire pour exploiter la réserve de lignite à haute capacité pendant la crise énergétique». Pourtant, une étude de l’Institut allemand de recherche économique datant de 2021 démontre que le charbon enseveli sous Lützerath n'est pas essentiel pour assurer l'approvisionnement énergétique du pays.