COP26: La Suisse a les moyens d'agir, mais manque d'ambition

Ce mardi, les délégués et participants se rassemblent autour de Little Amal, une marionette géante représentant une réfugiée syrienne | EPA/ROBERT PERRY

Trois jours avant la fin de la 26e Conférence des Nations unies sur le climat (COP26), le monde avance sur la trajectoire d’un réchauffement planétaire de 2,4°C, selon le dernier rapport du Climate Action Tracker (CAT). Tout dépendra néanmoins de la concrétisation ou non des engagements de chaque pays. Ça tombe bien: des satellites pourraient prochainement veiller sur le respect des objectifs climatiques, objet d’une interview Heidi.news.

Ce mardi, un focus spécial sur la Suisse qui régresse d’une place dans le classement des efforts de protection du climat. Pourtant, les solutions sont à bout touchant: selon une récente étude, 14 grandes entreprises suisses — dont Nestlé, ABB, Holcim, Novartis, Roche — auraient les moyens financiers d’atteindre la neutralité carbone en 2050, tout en faisant des économies.

Pourquoi on suit la COP26. Considérée comme «la conférence de la dernière chance», la COP26 rassemble les dirigeants du monde entier à Glasgow pour deux semaines de négociations autour du climat. Le but: réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) conformément aux Accords de Paris pour limiter le réchauffement planétaire sous les 2°C, et de préférence 1,5°C.

Chaque degré compte, comme l’a répété le Groupe d’experts intergouvernemental (Giec) sur l’évolution du climat dans son dernier rapport, qui indique que les effets du changement climatique sont déjà palpables et s’accentueront plus rapidement que prévu.

Lire aussi: COP26, place aux décisions: les enjeux de la dernière semaine

Suisse, mauvaise élève. La Suisse régresse en matière de lutte climatique. C’est du moins ce que suggère un classement des efforts de protection du climat par pays. Figurant à la 15e position, la Suisse a perdu une place par rapport à l’année dernière.

Et pour cause principale: sa stratégie climatique à long terme. Car si la Suisse ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, le Climate Change Performance Index (CCPI) souligne qu’aucune politique n'est mise en place pour atteindre cet objectif. Le rejet de la loi sur le CO2 en votation n’est pas seul en cause, d’après les experts du CCPI:

«Le projet de loi pour le CO2 soumis aux votations était insuffisant pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. Nous exhortons le gouvernement à promulguer des lois plus ambitieuses dès que possible.»

Les multinationales ont la solution. D’après une récente étude de la Fondation Ethos, respecter les objectifs climatiques serait moins cher qu’il n’y paraît pour les 14 sociétés non financières du Swiss Market Index (SMI). Ainsi, Nestlé, Novartis, Roche, Holcim ou ABB ont la possibilité d’atteindre la neutralité carbone en investissant 28 milliards de francs par année. Une somme composée de deux parties:

  • 21,5 milliards de francs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 29%,

  • et 6,5 milliards de francs supplémentaires pour augmenter la capture de CO2 — via des solutions naturelles ou technologiques.

Comme le relate Le Temps, ce montant équivaut à 60% des bénéfices enregistrés par les 14 entreprises en 2020. Les auteurs de l’étude soulignent que ce fonds permettra d’économiser environ 34 milliards de francs par an. De plus, les frais directs seraient moindres car les deux-tiers des coûts seront partagés avec les fournisseurs et sous-traitants de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Des satellites pour respecter l’accord de Paris. Depuis le 1er novembre, les négociations de la COP26 ont apporté leur lot d’annonces et de promesses: une sortie du charbon pour 190 organisations et pays, une ambition de réduire de 30% les émissions de méthane d’ici à 2030 pour 100 Etats, un accord pour les forêts… Comment vérifier que ces engagements soient respectés? Des satellites d’observation de la Terre pourront jouer un rôle déterminant, explique à Heidi.news Maurice Borgeaud, chef du département sciences, applications et climat dans le directorat de l’observation de la Terre à l’Agence spatiale européenne (ESA).

Lire l’interview complète: «On pourra bientôt s'aider de satellites pour savoir qui respecte l'accord de Paris»

L’adaptation des communautés de montagne. Lundi soir, une table-ronde s’est tenue à l’Université de Genève, en duplex avec le pavillon dédié à la cryosphère à la COP26 de Glasgow. La discussion s’est canalisée autour d’une question pressante: quelles seront les conséquences du changement climatique pour les communautés de montagne, et comment y faire face?

Les panélistes se sont accordés sur l’urgence de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C pour ne pas réduire la fenêtre d’adaptation davantage. Un autre constat: le manque de données scientifiques suffisantes dans des régions comme l’Himalaya, l’Asie centrale et les Andes. Une solution envisagée sur laquelle plusieurs experts ont insisté: l’importance de former et d’inclure les communautés locales. De fait, une récente étude révèle que 9 auteurs scientifiques sur 10 proviennent de pays du Nord.

Lire l’article complet: Climat: quel avenir pour les peuples des montagnes?

Une lettre ouverte contre la désinformation climatique. Ce mardi, 250+ personnes, organisations, marques et annonceurs ont adressé une lettre aux décideurs de la COP26. Leur demande: établir un arsenal de lutte contre la désinformation climatique en mettant en place une définition universelle.