abo Climat: des politiciens invitent les scientifiques à «communiquer comme des lobbys»
Cinq mois après leur dialogue infructueux au Parlement, chercheurs et dirigeants s'apprivoisent en petit comité, à Lausanne, pour lutter contre la crise climatique.
Scientifiques et politiques ne parlent pas le même langage. Pourtant, pour trouver des solutions à l’urgence écologique, ils n’auront d’autres choix que de s’entendre, ou du moins de parvenir à travailler main dans la main.
C’est sur ce constat que s’est basée une première rencontre participative sur le climat et la biodiversité qui a rassemblé des politiciens vaudois et des chercheurs de l’Unil et de l’EPFL, au Lausanne Palace, jeudi 6 octobre.
Changer le monde… autour d’un café. Cette rencontre inédite fait suite au dialogue parlementaire sur le climat et la biodiversité, organisé le 2 mai dernier en réponse à la grève de la faim de Guillermo Fernandez. Déçus par les nombreux sièges vides dans la tribune, les chercheurs lancent une seconde tentative, en jouant la carte de la proximité, comme l’a expliqué en début d’événement l’experte du Giec Julia Steinberger:
«On a été surpris de voir qu’au Palais fédéral, ce n’était pas en séance parlementaire qu’on faisait mieux avancer les dossiers, mais à la pause café.»
Lire aussi: Rencontre à Berne: «Le climat n'est pas qu'une question de gauche»
Bâtir des ponts entre science et politique. C’est tout le pari de cette rencontre: ouvrir le dialogue entre politiques et scientifiques, en cercle restreint, pour mieux travailler ensemble face à l’urgence du défi écologique. Pour ce faire, les organisations universitaires Climact et le Centre de compétences en durabilité ont convié une cinquantaine de politiciens vaudois de tous partis et échelons, ainsi que des scientifiques de disciplines variées de l’Unil et de l’EPFL.
Organisée autour de deux tables rondes, la discussion s’est focalisée sur la place des faits scientifiques dans la politique climatique, et sur les solutions concrètes pour mieux collaborer à l’avenir.
La tragédie du quiproquo climatique. Il y a d’abord un problème de temporalité, alors même que le temps est compté.
Depuis le dialogue sur le climat et la biodiversité au Parlement, le continent européen a traversé sa pire sécheresse enregistrée en 500 ans. L’enjeu de la soirée: éviter le mur vers lequel la Suisse — et l’humanité — se dirige à vitesse grand V. Julia Steinberger, en introduction à la table ronde:
«Si des historiens de l’avenir pouvaient analyser notre époque, ils la verraient certainement comme une tragédie, car on avait tous les outils en main pour agir, mais on n’a simplement pas su se parler.»