Négoce du charbon: COP27 ou pas, la Suisse reste la première place financière

Un travailleur prépare des sacs de charbon de bois près du parc national de Mantadia, à Madagascar. | Keystone / Jérôme Delay

La Suisse est la première place financière du négoce du charbon, 40% du commerce mondial du combustible fossile étant négocié sur son sol, révèle une enquête de l'ONG Public Eye.

Une enquête de l’ONG Public Eye, publiée lundi 7 novembre, lève le voile sur les intérêts helvétiques en matière de charbon. Quelque 40% du commerce mondial du charbon serait négocié en Suisse, où résident 245 sociétés actives dans la production et la commercialisation du combustible fossile — principalement à Genève, Lugano et Zoug. Elles seraient responsables de l’extraction d’environ 500 millions de tonnes de charbon par an, générant davantage d’émissions de CO2 que les Etats-Unis. Lesquelles ne seraient par ailleurs pas intégrées dans la politique climatique de la Suisse, relate la RTS.

La désillusion à l’heure de la COP27. Alors que la délégation suisse vient de s’envoler à Charm el-Cheikh, en Egypte, pour la 27e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, le rapport de Public Eye entache la crédibilité du pays en matière de lutte contre le réchauffement climatique. D’autant plus que les espoirs pour la COP27 sont déjà au plus bas, les émissions de CO2 ne cessant de grimper en flèche malgré la litanie de sommets onusiens.

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Lors de la dernière conférence sur le climat, à Glasgow, 190 Etats avaient signé un accord pour «réduire» l’approvisionnement en charbon. (Le texte, qui prévoyait initialement une «sortie» du charbon, avait été adouci à la dernière minute par l’Inde.) En 2022, le sevrage en énergies fossiles n’était pourtant pas en vue, bien au contraire: la production mondiale de charbon pourrait atteindre un record absolu, en dépassant les 8 milliards de tonnes, selon les les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La guerre en Ukraine, la sortie de la pandémie et la crise énergétique expliquent en partie le regain d’intérêt pour ce combustible fossile.

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La Suisse, bad COP? Si les dernières mines de charbon ont fermé leurs portes en Suisse après la Seconde Guerre mondiale, c’est à partir des années 2000 que le pays s’impose comme plaque tournante du négoce de cette matière première, révèle le rapport de Public Eye. L’ONG dénonce la responsabilité des autorités et des banques suisses. Ces dernières auraient prêté 3,15 milliards de dollars à des sociétés actives dans l’industrie du charbon depuis la fin de la COP21, en 2015, à Paris. Contactées par la RTS, plusieurs banques ont réagi à ces chiffres en rappelant leurs engagements en faveur du climat.

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