Rester chez soi, un privilège de classe en Espagne?
Ce texte est le premier d'une série produite par les étudiants en Master de l’Académie du journalisme et des médias de l’université de Neuchâtel (AJM). Dans le cadre du séminaire de Journalisme international de Pierre Hazan, bouleversé par l'actualité et réalisé en vidéoconférence, ils ont planché, chacun confiné chez lui, sur le coronavirus et comment il affecte la vie dans différents endroits de la planète.
En Espagne, où plus de 2 000 personnes sont mortes et 33 000 cas de contamination sont confirmés, le gouvernement a décrété le 14 mars le confinement obligatoire de l’ensemble du pays. Mais des salariés de secteurs non essentiels continuent de travailler en dépit des risques sur la santé publique.
20 heures. Comme chaque soir depuis une semaine, des applaudissements retentissent depuis les balcons espagnols. Pendant une minute, des milliers de personnes à leurs fenêtres rompent le silence des rues vides pour remercier le personnel soignant. Un hommage symbolique pour celles et ceux qui tous les jours s’affairent à tester, traiter et guérir les malades atteints du Covid-19. Malgré l’engorgement des hôpitaux et la fatigue grandissante. Malgré les risques sanitaires.
Mais de nombreux autres professionnels sont également aux premières lignes, dans l’ombre des applaudissements quotidiens. Postiers, aides à domicile, personnel de nettoyage… Tous œuvrent afin d’assurer à la population les services de première nécessité, sans toujours bénéficier de protections adéquates. En Espagne comme ailleurs, les employés des supermarchés notamment continuent de travailler. David Marrero est salarié dans le centre logistique d’une grande chaîne alimentaire à Valence. Depuis l’annonce du confinement, ses collègues et lui sont surmenés. «En réalité, toutes les mesures ont seulement été prises après le décret. Les premiers jours ont été chaotiques au niveau protocolaire, mais également en termes d’activité. Le travail a augmenté exponentiellement d’un jour à l’autre», nous raconte-t-il au téléphone.
Les classes populaires au front
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