Plus d’un jeune Romand sur deux a déjà fumé une «puff», ces cigarettes électroniques jetables

Une enquête conjointe d'Unisanté et Promotion santé Valais révèle qu'en Suisse romande, un jeune de 14 à 25 ans sur huit consomme fréquemment des «puffs». Ces cigarettes électroniques jetables au goût acidulées ont même été testées par un jeune sur deux.

Saveur glace à la fraise, chocolat-noisettes, marshmallows…. Avec leurs goûts sucrés régressifs et leur packaging super attrayant, les puffs, ces cigarettes électroniques jetables, gagnent les cours d’écoles. Des bonbons à vapoter, mais avec de la nicotine.

Unisanté et Promotion santé Valais ont questionné plus de 1300 jeunes sur leur consommation de «puffs». Résultat: ces cigarettes électroniques ont bien pénétré les cours d’école de Suisse romande, puisque 59% d’entre eux affirment en avoir déjà consommé une fois.

PopScience fait le tour de la question dans cet épisode.

Le tabac, partout autour de nous. Ce n’est pas une nouveauté, la cigarette est omniprésente dans les films et les séries. Sur Netflix par exemple, on a compté 282 scènes de tabac juste dans la saison 2 de Stranger Things. Si la e-cigarette est moins présente sur nos petits écrans, une association américaine milite pour que les séries sentent quand même moins le tabac à l’avenir. De là à voir Clint Eastwood vapoter? Pas si sûr. Rappelons que la cigarette électronique a été inventée pour aider les fumeurs à progressivement se sevrer du tabac.

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Si les membres des Peaky Blinders passent de la cigarette à du vapotage de «puff» goût raisin glacé, c'est plutôt une bonne chose. Mais le problème, c'est que les «puffs» ont tout pour séduire surtout ceux qui n'ont jamais fumé, c'est-à-dire les ados et les enfants. Ça ne vous a sans doute pas échappé: les tiktokeurs et les instagrameurs les collectionnent, les testent, les vendent…

Et même si elles sont strictement interdites aux moins de 18 ans dans plusieurs cantons suisses, on peut déjà les retrouver dans les cours des écoles primaires et secondaires. D’ailleurs, l’enquête révèle que les jeunes ont facilement accès aux «puffs». Plus de la moitié (54%) racontent en avoir acheté dans un kiosque. Sous leurs design colorés et attrayants, les «puffs» ne sont pas des carambars, mais bien des liquides à vapoter dans lesquels la nicotine peut être présente. Or, la nicotine, qui apporte temporairement une sensation de bien-être, engendre peu à peu une accoutumance psychologique et physique. Vapoter des «puffs» aux marshmallows pourrait alors progressivement orienter vers des bouffées plus corsées en nicotine, celles des cigarettes.

Pourquoi c’est un réel problème. Le tabac est responsable de plus de 80% des cancers du poumon. Et la tendance des vapes trop bonnes est si préoccupante que plusieurs pays veulent carrément interdire les arômes dans les cigarettes électroniques, pour que le produit devienne moins séduisant.

Aujourd'hui, 80% de toutes les e-cigarettes produites seraient consommées par des personnes âgées de 12 à 17 ans

Aux Etats-Unis, la FDA, c'est-à-dire l'agence qui régule la mise sur le marché de la nourriture et des médicaments, prend de plus en plus de mesures restrictives à l'égard de ces produits, car elle juge qu'ils sont une réelle menace pour la jeunesse. L'été dernier, l'agence a ainsi interdit 55’000 produits de ce type. Mais il y en a encore des millions...

Reste désormais à savoir si les bénéfices des e-cigarettes comme solution de sevrage pour les adultes fumeurs est suffisamment important pour accepter le risque qu'elles font courir aux plus jeunes de tomber dans le tabac.

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Seulement la santé publique? En attendant de trancher ce débat, on peut déjà dire que les «puffs», c'est un peu une ineptie écologique. Avec une «puff» qui coûte entre 8 et 15 francs, tu prends 600 bouffées et, après, tu jettes un bout de plastique contenant une mini batterie au lithium.

Elles peuvent être recyclées si elles sont amenées en déchetterie dans les containers dédiés. Mais sur tous les consommateurs de «puffs», combien vont faire l'effort d'y aller?