Ma rencontre avec Jean-Pierre Danthine, moniteur de crises
Toutes les deux semaines, Géraldine Savary contribue à Heidi.news au travers d’une rencontre afin de dessiner, article après article, une constellation de personnalités dont le tracé serait totalement subjectif, aléatoire et transparent.
Rencontrer un professeur d’université, économiste de surcroît, réveille quelques mauvais souvenirs, ceux d’une période où votre quotidien oscillait entre les petites nuits, les grands auditoires et l’angoisse des examens de fin d’année.
Pas de questionnaire à choix multiple quand je rencontre Jean-Pierre Danthine. Il m’accueille chez lui, c’est un matin d’été, déjà chaud, qui sent presque les vacances. Il y a quelque chose de léger dans l’air, un crépitement joyeux qui égaie la docte conversation que nous allons avoir. J’apporte les croissants, il fait le café. On s’installe dans la cuisine trempée de lumière. De l’eau a coulé sous les ponts depuis l’université. Je lui rappelle qu’on a travaillé ensemble il y a trente ans, à organiser des Rencontres de la danse, sur le campus lausannois. Il était vice-recteur, moi une étudiante qui cumulait les petits boulots. Pendant plus de trois jours, on s’est retrouvé à accueillir danseurs, chorégraphes et spécialistes des entrechats. Timides et empruntés, le domaine de la grâce nous était étranger. Depuis pourtant, à chaque fois que je croise Jean-Pierre Danthine, je ne peux m’empêcher de l’imaginer virevolter sur une piste de danse. Pas vraiment adapté à son statut de spécialiste de la finance, des banques, de la politique monétaire.