Le meilleur coup diplomatique de Napoléon? La fondation (en passant) de la Suisse moderne
Ludo Van der Heyden, titulaire de la chaire en gouvernance d’entreprise à l’INSEAD, que les premiers lecteurs de Heidi.news ont déjà croisé dans un contexte fromager (il saluait l’intelligence intuitive de la coopérative de l’Etivaz) est fasciné par la façon dont Napoléon a su façonner la Suisse grâce à l’Acte de Médiation. Un talent, une capacité d’écoute et d’apprentissage qui lui a manqué sur bien d’autres fronts, lesquels allaient finalement causer sa perte et celle de son Empire. Reste un mystère: comment un despote a-t-il pu créer une démocratie exemplaire?
Le 5 mai 2021 est le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte dans sa prison de Longwood, sur l’île de Sainte-Hélène. Ce Corse est le Français qui a le plus marqué le monde – et la Suisse! Il est véritablement le père de la Suisse moderne, même s’il ne la connaissait que très peu. Il la découvre en 1797, en route vers le Congrès de Rastatt, qui doit confirmer la cession à la France des territoires outre-Rhin n’appartenant pas à la Maison d’Autriche. Il passe par Genève, Lausanne, Soleure et Bâle. Il admire sa diversité de régions, de régimes, de langues et de religions. Il note la faiblesse, si ce n’est l’absence, de pouvoir central. Ce qui l’intéresse surtout, ce sont les passages vers l’Italie et, pour les sécuriser, il enlève la Valteline aux Grisons et la rattache à la Cisalpine.
Bonaparte songe déjà à ses prochaines gloires: «Tout s’use ici, je n’ai déjà plus assez de gloire: cette petite Europe n’en fournit pas assez. Il faut aller en Orient, toutes les grandes gloires viennent de là… L’Orient n’attend qu’un homme.» Il embarque le 10 mai 1798 à Toulon avec son Armée d’Angleterre, rebaptisée Armée d’Orient. Le Directoire est heureux de le voir s’éloigner de Paris. On le retrouvera au retour d’Égypte.
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