L'actualité vue du MCBA, le nouveau musée phare en Suisse

Exposition Atlas. Cartographie du don, vue de salle. Installation: Vincent Kohler, Vintage Drums Ensemble, 2004. Technique mixte (batterie, peinture à paillettes, peinture à l'huile sur peau). Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Acquisition de la Commission cantonale des activités culturelles, 2013

Bernard Fibicher, le directeur du nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) qui est inauguré cette semaine, était le rédacteur en chef invité d'une édition spéciale de notre newsletter quotidienne, "Le Point du jour".

Dans mon radar

Montrer ce qui nous a été donné. Ces derniers mois ont été vraiment intenses. Non seulement, je suis directeur du MCBA, mais aussi commissaire de la première exposition prévue pour la réouverture: «Atlas. Cartographie du don». Cet atlas imaginaire a été installé sur la totalié des espaces disponibles, soit 3200 m2. Je n’ai pas voulu présenter la collection du musée de manière chronologique. J’ai préféré une approche et un accrochage variés, mélanger les genres. Je propose un chapitre musical, une balade en forêt et à travers des flux, une carte du tendre, une cartographie de la douleur et une exploration du noir. C’est une belle manière de mettre en valeur les dons et les dépôts anciens, tout comme les récents. Je pense ici aux donations d’Alice Pauli: Pierre Soulages, Anselm Kiefer, Anish Kapoor. Les citer toutes serait ennuyeux. Venez les voir les 5 et 6 octobre. Je serai présent durant tout ce week-end d’ouverture pour accueillir et guider les gens.

MCBA (FR)

Remettre les femmes de l’art en avant. Il est souvent reproché aux musées de ne pas posséder, ni exposer assez d’artistes femmes. Au MCBA, nous avons de la chance avec les collections Alice Bailly ou Aloïse, une artiste Art Brut magnifique. Cette critique est intéressante pour moi et me pousse à améliorer cette situation. Grâce au nouveau bâtiment, le musée a pu commander sa première œuvre. Et c’est à Maya Rochat qu’a été confiée la mise en valeur du grand mur du restaurant. Je suis sensible à ces questions. J’ai deux filles. J’en suis fier. Et je suis persuadé que l’avenir de l’humanité est entre les mains des femmes.

Arteez (FR)

Trump et Johnson, au-dessus des lois? Je suis très curieux de voir comment le rôle de Boris Johnson va faire évoluer le processus du Brexit. Et la procédure d’impeachment contre Donald Trump est aussi passionnante. Ces deux hommes ont une capacité incroyable à agir comme s’ils étaient au-dessus des lois. Heureusement, il existe des personnes qui leur rappellent l’existence de ce cadre et qu’ils doivent aussi s’y soumettre. Ce qui se passe en ce moment autour de Trump et de Johnson montre que non, on ne peut pas tout faire et tout dire.

Los Angeles Times (EN)


Rappel des infos qui comptent pour moi

Ai Weiwei, passeur d’images. Les manifestations de Hong Kong, par leur durée et leur intensité, laissent une trace indélébile. Ce qui se passe là-bas me rappelle la dernière exposition du bâtiment de la Riponne. Elle était consacrée à Ai Weiwei. Depuis plusieurs semaines, les opposants envoient des vidéos à l’artiste qui les poste, presque en direct, sur son compte Twitter. Grâce à ce genre de réseaux, chaque citoyen a la possibilité de filmer ce qui se passe et de le montrer au monde entier, même lorsqu’un régime tente de censurer certaines images.

Twitter (EN)

Effrayants incendies en Amazonie. Les images des feux de la forêt amazonienne sont terrifiantes. Les questions du climat concernent tout le monde. A ma petite échelle, j’essaie de faire ma part aussi. Je mange local, je n’achète jamais de barquettes en plastique, etc. Je tente vraiment d’avoir un comportement responsable et de réfléchir à mes actes en fonction de leurs impacts environnementaux.

Reporterre (FR)

Epatante Claudia Comte. Cette artiste vaudoise est une plasticienne remarquable. Son portrait paru récemment dans Le Temps raconte son travail, son talent. Claudia Comte est diplômée de l’ECAL et tient une galerie à New York.

Le Temps (FR, Paywall)


Bien écouté

Arno au Paléo en 2015 | Keystone / Jean-Christophe Bott

Avec «Santeboutique», Arno signe un beau retour musical. Il y parle d’alcool, de vieillesse. Il y parle d’art aussi. J’aime bien les mélanges des genres. Il est originaire d’Ostende, comme le peintre Léon Spilliaert, à qui il consacre une chanson: «Oostende Bonsoir».


Ma raison d’espérer

Keystone / EPA / Andy Rain

L’indispensable mobilisation de la jeunesse. Greta Thunberg et tous les jeunes qui se mobilisent pour le climat sont une grande source d’espoir pour moi. Ce qui me frappe dans toutes les actions récentes, c’est le fait que les jeunes soutiennent une cause et pas un parti. La politique s’efface devant l’importance de l’enjeu.

Swissinfo (FR)


Ça m'a étonné

Le suicide assisté autorisé en Italie. C’est très surprenant qu’un pays très catholique comme l’Italie, où loge le Pape, dépénalise le suicide assisté. Le 25 septembre, la Cour constitutionnelle italienne a estimé qu’il pouvait être autorisé, sous conditions. C’est un peu macabre comme nouvelle, mais elle est réjouissante. Je suis favorable au suicide assisté.

Le Monde (FR)


Si vous avez encore le temps

Félix Vallotton, L'Eté (Baigneuses au repos), 1912. Huile sur toile, 201 x 250,5 cm. Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Acquisition, 1924

Félix Vallotton superstar. Ce Vaudois devenu Français est une des figures les plus importantes de l’art. Ses peintures ont la cote depuis quelques années, les prix grimpent, on le redécouvre, il inspire les jeunes artistes d’aujourd’hui. La Royal Academy of Art à Londres vient de lui consacrer une exposition. Cette rétrospective sera présentée au MET à New York dès le 29 octobre. Nous montrons également une dizaine d’œuvre dans l’exposition «Atlas. Cartographie du don». A partir du printemps 2020, une salle entière lui sera consacrée au MCBA.

The Wall Street Journal (EN)


Florian Cella / MCBA

Bernard Fibicher, bio express. Directeur du Musée cantonal des Beaux-Arts depuis 2007, Bernard Fibicher est arrivé à Lausanne alors que le nouveau bâtiment devait accueillir les collections à Bellerive. Il a dû attendre douze ans pour voir naître le MCBA à côté de la gare. Avant l’épopée vaudoise, il a œuvré au Musée des beaux-arts à Sion, au Kunsthaus à Zurich, à la Kunsthalle et au Kunstmuseum de Berne. Durant de nombreuses années, il a travaillé à temps partiel pour pouvoir se consacrer à des projets personnels, dont la triple exposition de sculpture du 700e anniversaire de la Confédération à Bienne et à Saint-Imier. Une manière aussi d’être présent pour ses deux filles.