Réservé aux abonnés

Défilé à Moscou: une fête à la Pyrrhus

Dernière répétition le samedi 7 mai du défilé militaire prévu le 9 mai 2022 pour célébrer la fin de la Grande Guerre patriotique. Keystone/EPA / Yuri Kochetkov

Qu'est-ce que peut célébrer Vladimir Poutine ce 9 mai? Rien, sauf le désir de revanche, pour la grande catastrophe du 20e siècle – la chute de l'URSS – estime le philosophe russe établi en Suisse Mikhail Maiatsky, qui a notamment dispensé ses cours à l'Université de Fribourg et l'Université de Lausanne. Il est par ailleurs responsable de la traduction en russe des Cahiers noirs de Martin Heidegger.

Les enjeux du Jour de la Victoire, le 9 mai, sont considérables. Ce jour-là, les Russes sont censés oublier le Goulag et le pacte Molotov-Ribbentrop [qui a vu l’URSS et l’Allemagne nazie s’entendre en 1939 sur le partage de la Pologne, notamment] pour commémorer leurs héros morts au nom de la libération de la Russie et du monde entier du fascisme. Une image difficile à maintenir par ce funeste printemps de 2022.

Le Jour de la Victoire dans la Grande guerre patriotique est fêté en Russie traditionnellement le 9 mai au lieu du 8 partout ailleurs. Cette année, il devait devenir le jour de la continuité avec la victoire des Soviétiques contre Hitler et, partant, le jour du triomphe de Poutine, érigé en nouveau sauveur du monde de la peste nazie.

Une guerre perdue d’avance

Les mots «fasciste» ou «nazi» ont connu en Russie une inflation vertigineuse, et sont utilisés surtout pour diffamer l’adversaire: déclaré nazi, le gouvernement ukrainien, aux yeux de la propagande russe, devient urgent à détrôner par tous les moyens au nom du droit d’ingérence. De plus, la guerre contre le fascisme ne peut être que gagnée. Or la tâche de transformer une campagne ratée, une débâcle militaire perdue d’avance dans une guerre perfide et abjecte en un succès paraît difficile. Vladimir Poutine sera, peut-être, contraint à un geste fort: les rumeurs courent de la déclaration de guerre officielle ou du deuxième front en Moldavie ou, horribile dictu, de la colonne des prisonniers militaires ukrainiens sur la Place Rouge…

Cet article est réservé aux abonnés.

Pour lire la suite de cet article et des milliers d'autres, abonnez-vous à partir de CHF 16.- par mois.

Le journalisme de qualité nécessite du temps, de l'investigation et des moyens. Heidi.news est sans publicité. L'avenir de votre média dépend de vous.

Je profite des 30 premiers jours gratuits

Les bonnes raisons de s’abonner à Heidi.news :

  • Un mois d’essai, sans engagement sur votre premier abonnement
  • La newsletter le Point du jour édition abonnés
  • Les archives en illimité
  • Des échanges avec nos journalistes