Des «contributions et conseils». Les deux médias ont aussi mis la main sur une note confidentielle de 2018 – avant la création du centre – préparée par IFeeder et engageant le Clear Center à mettre en place un bureau consultatif de 12 représentants de l’industrie agroalimentaire, chargé d’émettre des «contributions et conseils» sur les «priorités de recherches et de communication de l’industrie».
Exemple mis en avant par les journalistes: une campagne vidéo «Repenser le méthane» publiée par Clear en 2020, qui met en avant la faible durée de vie du méthane dans l’atmosphère et en tire argument pour conserver le statu quo sur le nombre d’animaux d’élevage.
Un directeur qui mobilise sur les réseaux sociaux. La posture du directeur du centre, Frank Mitloehner, est aussi dans le viseur. Le scientifique s’était fait remarquer en 2019 pour sa vive attaque d’un rapport du Eat-Lancet, qui appelait parmi d’autres mesures, à réduire la consommation de viande rouge de 50%. Et ça marche: dans un bulletin du Clear Center adressé aux financeurs, le chercheur aurait été crédité d’avoir «mobilisé une campagne massive» qui a «réussi à détourner les publics indécis» du rapport, écrivent les journalistes.
Dans la note précitée, le directeur du centre Clear est clairement désigné comme «une voix neutre, crédible et tierce», qui «montrerait aux consommateurs qu'ils peuvent se sentir bien» en mangeant de la viande. De quoi rappeler certaines méthodes de l’industrie du tabac.
La parole à la défense. Contacté par le New York Times, Frank Mitloehner juge incorrecte l’information selon laquelle son centre fournirait des services de communication pour l’industrie, et ajoute que le bureau consultatif ne bénéficie d’aucun pouvoir décisionnaire. Et le directeur d’ajouter qu’attirer l'attention de l'industrie sur les recherches augmente la probabilité qu'elle adopte des pratiques respectueuses de l'environnement.