D’où ça vient. Tout d’abord, la sémantique: le terme «brunch» est une contraction de deux mots anglais: «breakfast» (déjeuner) et «lunch» (dîner). L’académie française a tenté d’imposer, sans succès, la traduction: «grand petit déjeuner». Il définit un repas, en général pris le week-end, qui fait office de déjeuner et de dîner servi entre 11h et 15h. On y retrouve autant des éléments typiques du repas matinal (viennoiseries, tartines, pancakes), que des plats salés à base de bacon, de saumon ou d’avocat. Le tout accompagné de jus de fruit, de café, de thé, voire d’une coupe de champagne.
Une première apparition en 1895. S'il est devenu un emblème des bobos et hipsters citadins, ses origines remontent au 19e siècle. Le repas roi des dimanches matin a été pensé et créé par la jeunesse fêtarde de l’Angleterre victorienne. La fête jusqu’au petit matin rend le réveil à 8 heures bien trop pénible, et la gueule de bois, réminiscence de la veille, empêche l'absorption des lourds plats traditionnels dominicaux: bœuf mijoté en sauce, tourtes salées, patates, etc.
La première trace écrite du mot brunch a été identifiée en 1895 sous la plume de Guy Beringuer dans le journal londonien Hunter's Weekly. La tribune intitulée «Brunch: a plea» (un plaidoyer pour le brunch) vante les mérites de ce nouveau repas. Selon l’auteur, les arguments en sa faveur sont nombreux:
Il rend le réveil matinal non seulement inutile, mais carrément ridicule.
Il permet de prolonger les festivités de la nuit.
Il est convivial, joyeux et engageant.
Il stimule la conversation.
Il vous rend satisfait de vous-même et de vos semblables.
Il balaye les soucis de la semaine.
En d’autres mots, pour l’auteur, le monde serait plus agréable et charitable si le brunch était généralisé. Il n’oublie pas non plus de finir son plaidoyer avec un post-scriptum qui rappelle que la bière et le whisky sont admis comme substituts du thé et du café.
C’est en 1896 que le terme «brunch» entre dans le dictionnaire d’Oxford.
Adopté par les stars hollywoodiennes. Le mode de vie par moments nomade des vedettes de cinéma aux Etats-Unis a également contribué à l’adoption du brunch. Dans les années 1930, les stars traversaient régulièrement le pays en train et faisaient souvent une escale en fin de matinée à Chicago. Les hôtels y ont donc pris l’habitude de leur servir le fameux brunch.
Autre facteur qui a favorisé l’essor de ce «nouveau repas», la baisse de la fréquentation des églises après la Deuxième Guerre mondiale. Les gens cherchant une nouvelle activité sociale les laissant dormir un peu plus longtemps le dimanche matin se sont tournés vers le brunch. C’est à ce moment-là qu’il s’est généralisé dans la société américaine. Ces repas au restaurant sont également l’occasion d’une journée de repos pour les mères de familles qui sont de plus en plus nombreuses à travailler.
Implanté dans la culture US, c’est dans les années 1980 que le brunch retraverse l’Atlantique et commence de s’installer en Europe.
Des cocktails signature avec les croissants. L’aspect festif du brunch est une constante. Au fur et à mesure, plusieurs cocktails à base de jus de fruits, comme le Bloody Mary, le Bellini ou le Mimosa, font leur apparition et deviennent des classiques de la tablée dominicale. Les recommandations de Guy Beringuer semblent donc bien respectées…