Observatoire des prix de l'alimentation en Suisse: l'inflation continue et les prix grimpent toujours

Depuis plus d'un an, Heidi.news assure le suivi des prix de l'alimentation chez trois distributeurs. Un observatoire à découvrir gratuitement.

Le graphe ci-dessus offre une navigation détaillée des prix par article et par distributeur: Aldi, Coop, Migros. Pour voir une denrée précise, il suffit de sélectionner un produit dans la liste.

Heidi.news a sélectionné 20 denrées alimentaires dont le prix varie depuis le mois de mars 2022 (voir le graphe ci-dessus). Les causes: la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie, mais aussi les difficultés d’approvisionnement liées à la crise Covid et aux pertes de récolte dans le monde en 2021 et début 2022.

Trois distributeurs (Aldi, Coop et Migros) ont été sélectionnés pour faire l’objet de pointages réguliers. Il ne s’agit pas de comparer les prix entre magasins, mais de suivre l’évolution des prix dans le temps pour le consommateur.

Pourquoi une telle démarche. En 2022, le renchérissement en Suisse a été de +2,8%, malgré une stabilisation en octobre et novembre et une baisse en décembre (-0,2%). En janvier 2023, l’inflation est repartie à la hausse avec +0,6% et +0,7% en février.

Le panier type de l’indice suisse des prix à la consommation (IPC) défini par l’OFS inclut de nombreux articles non alimentaires, dont l’énergie, qui a connu une forte hausse en 2022. Les prix du mazout et des produits pétroliers se sont envolés, et ceux de l’alimentation ont globalement augmenté depuis le début du mois de mars 2022, mais dans une moindre mesure.

Lire aussi: En huit mois, les prix de l'alimentation en Suisse montent sans flamber

La sélection. Le choix s’est porté sur des denrées très consommées dans le pays et dont le prix est conditionné par plusieurs impondérables:

  • coûts de transport de la marchandise,

  • prix des aliments pour le bétail,

  • provenance, etc.

Ainsi, l’Ukraine est un grand exportateur de blé (farine) et de tournesol (huile). Les porcs sont nourris avec des aliments dont les prix augmentent fortement. Enfin, les prix de l’engrais utilisé pour produire fruits et légumes sont également à la hausse. C’est l’ensemble de la chaîne de production, de l’engrais à l’assiette, qui suit un régime inflationnaire.

Les produits sélectionnés ne sont pas tous conditionnés de la même manière d’un distributeur à l’autre: des prix au kilo ou aux 100 grammes ont été privilégiés dans ces cas-là. Quant aux gammes choisies, il s’agit du moyen de gamme usuel — pas d’articles bio ou de premier prix (M-Budget ou Prix Garantie).

Les relevés de prix sont effectués systématiquement dans les mêmes magasins des trois distributeurs, situés à Lausanne.

La situation actuelle. L’OFS constatait une hausse des prix avant le début des hostilités en Ukraine le 24 février 2022. Si la hausse s’accentue depuis le mois de mars 2022, la situation suisse demeure toujours favorable par rapport à celle des pays de l’Union européenne.

Dans les trois graphes ci-dessous, on voit bien que l’inflation a été constante en 2022 et que, début 2023, la tendance ne s’inverse pas:

Malgré l’inflation, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) constate tout de même une nette reprise du climat de consommation début 2023:

«L’enquête de janvier révèle que, par rapport à octobre 2022, les consommateurs font preuve d’un net regain d’optimisme s’agissant de l’évolution économique pour les douze prochains mois. L’indice du climat de consommation est passé à −30 points, contre −47 points en octobre. Il demeure néanmoins bien au-dessous de la moyenne pluriannuelle.»

Les tendances. Le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) estime également que «la reprise économique se renforce en Suisse». Et dans son dernier baromètre conjoncturel paru le 28 février 2023, le KOF relevait:

«Le baromètre conjoncturel du KOF a augmenté en février pour le troisième mois consécutif. Il se situe désormais exactement à sa valeur moyenne à long terme. Les perspectives pour la conjoncture suisse se sont ainsi encore améliorées.»

Les stratégies des distributeurs. Les grands distributeurs du pays font déjà et devront continuer à faire face à des hausses de prix de la part de leurs fournisseurs. Les prix de l’énergie ont également un impact sur les coûts de production, de transport, ainsi que pour l’ensemble de la logistique. Comment agissent les deux géants oranges et le hard-discounter? Tour de piste.

Chez Aldi

Au siège suisse de l’entreprise à Schwarzenbach (SG), on n’est pas particulièrement optimiste sur l’évolution des prix:

«Nous sommes confrontés à une situation très tendue sur le marché des matières premières (début juillet 2022, ndlr.). Cela fait plusieurs mois déjà que le marché est impacté par un fret maritime international rencontrant des défis amenés à durer. La situation en Ukraine entraîne des défis supplémentaires au niveau des chaînes d’approvisionnement et de l’acquisition des matières premières. Ces différents paramètres ont une influence sur le prix des produits de notre assortiment, quels que soient les groupes de marchandises. Il est actuellement difficile d’estimer l’évolution de la situation concernant nos produits au cours des prochains mois.»

Le constat chez Aldi est simple:

«Le prix du pain, des pâtes, de l’huile, du papier toilette et du papier ménage a dû être récemment adapté pour les raisons mentionnées précédemment. Dès que la situation sera moins tendue sur le marché, nous tiendrons naturellement compte des avantages et ajusterons nos prix de vente en conséquence.»

Chez Coop

Au siège du groupe à Bâle, Kevin Blättler, porte-parole, se veut rassurant:

«En principe, il faut retenir qu'en Suisse, le niveau d'inflation est actuellement nettement plus bas et que les prix augmentent globalement moins que dans d'autres pays.

Nous recevons des demandes de prix de la part de différents fournisseurs en raison de la hausse des prix des matières premières, de la pénurie de matériaux d'emballage et de l'augmentation des coûts de transport et d'énergie.»

L’entreprise dit également suivre l’évolution en détail et assure qu’elle s’engage pour «des prix équitables et conformes au marché» et annonce les «adaptations de prix inévitables» dans le magazine de l’entreprise.

Chez Migros

A Zurich, Sylvain Graf, du service de communication, explique:

«Il n'est malheureusement pas possible d'exclure de futures augmentations de prix. Les prévisions restent difficiles en raison de la situation actuelle.

Le renchérissement général des denrées alimentaires est toujours dû à l'augmentation des prix des ressources, des emballages et des engrais.

De plus, la mauvaise récolte de 2021, l'augmentation des coûts de l'énergie et la guerre en Ukraine influencent également la formation actuelle des prix.»



Les pointages ont été effectués les 9 et 23 mars; 6 et 20 avril; 5 mai; 2 et 22 juin; 6 et 19 juillet; 24 août; 7 septembre; 12 octobre; 3 novembre; 8 décembre; 11 janvier 2023; 22 février 2023 et 15 mars 2023.