abo Prométerre ferme ses magasins: la fin de la pandémie a-t-elle tué le circuit court?
Prométerre a annoncé la fermeture de ses deux magasins de vente de produits locaux à Lausanne. Le signe que les consommateurs délaissent les circuits courts?
Les Lausannois devront s’y faire: l’épicerie de la Halle, rue de Genève, et le magasin autonome de la Croix d’Ouchy ont tiré le rideau. Le 18 janvier, Prométerre a annoncé la fermeture de ses deux magasins de vente de produits locaux. La fin d’un projet initié il y a dix ans par l’Association vaudoise de promotion des métiers de la terre, qui regroupe 3000 membres.
Ce triste épilogue est-il la signature du glas des circuits courts? Elements de réponse avec Luc Thomas, directeur de Prométerre depuis deux décennies.
Heidi.news — Vous fermez vos deux magasins de vente directe. Pourquoi maintenant? Un effet de sortie de pandémie?
Thomas Luc — Il y a eu un important recul des ventes suite à la période du Covid durant laquelle les gens se sont rués sur les produits de proximité. On est retombé à un niveau qui précédait le Covid, qui ne permettait pas d’avoir une rentabilité. Néanmoins, le bilan de cette aventure n’est pas totalement négatif: elle a contribué à stimuler l’intérêt pour les producteurs locaux.
Quels sont les postes de dépense les plus importants dans une épicerie comme celle de la Halle?
Dans ce type de magasin, c’est clair qu’il faut des horaires d’ouverture assez larges, et donc une présence soutenue en personnel. Mais nous n’avions pas assez de passage, de chiffre d’affaires. Si on compare nos chiffres à ceux d’autres acteurs du commerce de détail, on était trop haut en charges de personnel avec, malheureusement, pas assez de ventes pour les couvrir.
D’où le magasin autonome, à la Croix d’Ouchy?
Oui, c’est pour cela qu’on a tenté l’expérience d’un point de vente sans personnel de caisse. Malgré tout, un magasin autonome nécessite de contrôler, approvisionner, nettoyer… Les frais de personnel restaient sensiblement hauts, même hors tâches d’encaissement. De plus, les montants des ticket de caisse étaient assez moyens, de l’ordre de 15 francs. Les gens ne remplissaient pas leurs caddies, il s’agissait d’achats ponctuels. Comme notre assortiment était assez complet, on avait un niveau de perte plus élevé. Migros a lancé le même concept en Argovie, Voicube, mais l’a abandonné – faute de rentabilité j’imagine.