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Pourquoi la Suisse renonce à limiter les sucres dans les aliments

Image d'illustration. | Keystone / Peter Klaunzer

Limiter le sucre ou même afficher sa teneur dans les aliments vendus sur les étals? Vous n'y pensez pas. Le Conseil national vient de retoquer deux initiatives en ce sens. Voyons pourquoi.

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Et de deux. Le 27 février 2023, le Conseil national a rejeté deux initiatives cantonales ayant pour objectif de limiter la consommation de sucre des consommateurs suisses. Les députés ont confirmé l’avis de la chambre haute, prononcé fin 2021, en retoquant sèchement les deux objets.

Les textes en question. Les deux initiatives ont été examinées par la Commission de la science, de l'éducation et de la culture (CSEC-N), avant de faire l’objet d’un vote sans discussion par les députés.

  • Celle de Fribourg visait à rendre obligatoire la teneur en sucres dans la déclaration nutritionnelle, qui se devra d’être «lisible et d'emblée compréhensible».

Elle a été rejetée à 117 voix contre 67 et 0 abstention.

La teneur en sucres devra bientôt figurer dans le tableau des valeurs nutritionnelles, a indiqué Philippe Nantermod (PLR/VS), membre la CSEC-N, pour justifier ce refus.

  • Celle de Genève visait à limiter la quantité de sucres dans les boissons et les aliments transformés. Le texte ne propose pas de seuil quantitatif, mais invite l'Assemblée fédérale à réglementer de manière restrictive.

Cette initiative, qui a pourtant fait l’unanimité au bout du lac, a été rejetée au National à 121 voix contre 67 et 1 abstention.

La gauche insistait sur la nécessité pour l’Etat de prévenir les maladies liées à l’obésité, comme l’a fait Stefania Prezioso Batou (EàG/GE). Mais la majorité de la commission a estimé qu’il n’était pas du ressort de l’Etat d’intervenir en la matière.

Pourquoi limiter la consommation de sucres? Pour des raisons de santé:

  • L’excès de sucres est associé à un risque majoré d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires, première cause de décès en Suisse.

  • 38% des sucres ajoutés que nous ingérons proviennent des boissons, derrière les sucreries (48%) et devant les produits laitiers (7%).

  • L’OMS recommande de ne pas ingérer plus de 50 grammes de sucres libres (i.e. le glucose, le fructose ou le saccharose ajoutés, ainsi que ceux présents dans les jus et sirops) par jour.

  • Idéalement, la limite de consommation journalière devrait même être à 25 grammes — soit à une louche près, un peu plus de deux verres de thé glacé de grande marque.

Un vote avec peu de suspense. Plusieurs pistes expliquent le revers parlementaire subi par les deux initiatives:

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