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Du côté des certitudes par contre, les familles suisses les plus pauvres consacrent une part importante de leur budget à l’alimentation. Les prix des produits laitiers qu’ils trouvent en rayon ont un impact réel sur leur quotidien. La question des marges les concerne donc en premier lieu. Est-ce que cette manne finance des développements qui leur sont utiles?
Des magazines distribués dans toute la Suisse, toutes leurs infrastructures, un pour-cent culturel? Le manque de concurrence sur le marché du commerce de détail est décrié depuis des années par divers organismes, réfuté par les principaux concernés. Là aussi, les chiffres parlent: la position de Migros et Coop demeure dominante même depuis l’arrivée de Lidl et Aldi, largement supérieure dans notre petit pays à la situation ailleurs en Europe.
Perdants aux deux bouts de la chaîne
Autre fait avéré: chaque année, des producteurs de lait ferment boutique. En vertu d’un système organisé et particulièrement complexe, les paysans vendent leur lait à perte, les prix payés étant inférieurs à leurs coûts de production. Et, il faut le savoir, le lait leur est rétribué en fonction de son utilisation par les transformateurs, et non de sa qualité.
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Résultat: les producteurs doivent multiplier les activités à côté de l’élevage de vaches laitières pour toucher des paiements directs et d’autres sources de revenus. Si les géants du commerce du détail payaient des prix supérieurs aux transformateurs et par répercussion aux producteurs, les paiements directs nécessaires pour permettre de faire vivre les producteurs seraient inférieurs. Nos impôts financent donc bien indirectement les marges des deux grands distributeurs.
Dans ce grand jeu opaque, les perdants sont aux deux bouts de la chaîne: les producteurs et les consommateurs. A l’heure où les conséquences de la guerre en Ukraine seront utilisées pour justifier de nouvelles augmentations de prix, il serait grand temps que plus de transparence soit enfin faite au rayon du commerce de détail helvétique.