Des chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire à l’industrialisation de la filière alimentaire, le développement de techniques spécifiques a tour à tour permis la recherche, la transformation, l’acheminement, la production, le stockage, la mise à disposition et la consommation de la nourriture. Dès l’origine, ces moyens épousent une quête de diversification propre à l’ «omnivore opportuniste» qu’est l’être humain.
À cette dimension matérielle, condition de survie de l’espèce, se superpose une dimension symbolique, religieuse et identitaire également déterminante. De fait, les humains n’ingèrent que ce qui est, de leur point de vue, culturellement comestible, en fonction de la place qu’ils occupent dans la communauté. À chaque période et à chaque groupe ses croyances, ses rites, ses interdits, ses prescriptions et ses représentations alimentaires.
Puissamment identitaire, la cuisine est le moyen par lequel les sociétés s’approprient les vivres pour les rendre mangeables et désirables. Ainsi, partager boissons et mets concrétise une appartenance commune, tout en cristallisant un moment privilégié de mise en scène de valeurs et de hiérarchies
Des saveurs contrastées
Que mange-t-on à chaque époque, dans différents lieux, selon que l’on est une femme ou un homme, sans ressources ou nanti·e, avec qui et de quelle manière? Par où circulent les denrées alimentaires, dans quelle mesure leur (in)disponibilité pèse-t-elle sur la sécurité et l’essor des populations? Comment se forgent les goûts et les traditions culinaires? Où réside la dimension politique de l’alimentation? À quoi ressemble la nourriture du futur?
Autant d’interrogations auxquelles cette 8e édition du Festival Histoire et Cité propose de répondre en conviant à sa table les historien·nes Marie-Pierre Rey, Nicolas Werth, Alessandro Stanziani, Sylvain Venayre, les écrivaines Elisa Shua Dusapin et Ananda Devi, la journaliste Nora Bouazzouni, la documentariste Anne Georget, le chef et historien Philippe Ligron, ou encore l’autrice de BD Aurélia Aurita, parmi d’autres.
Des plaisirs de la table à l’ascèse, de l’allaitement au jeûne, du régime paléolithique à l’industrie agro-alimentaire, de la quête d’exotisme aux ressources du terroir, du banquet à la grève de la faim, de la diplomatie par l’assiette à la famine planifiée, de la gastronomie à la malbouffe, du commerce mondialisé à l’autarcie, du cannibalisme au végétarisme, des interdits religieux à la condition des personnes grosses, «Nourrir le monde» explore des saveurs contrastées.
Programme complet: www.histoire-cite.ch
Un festival unique en Suisse
Organisé depuis 2015 par la Maison de l’histoire de l’Université de Genève, le Festival Histoire et Cité répond à l’intérêt du public pour les sciences historiques. Unique en Suisse, la manifestation vise à interroger les concordances et les dissonances entre le passé et le monde actuel. Ouverte à tous et à toutes, gratuite, elle a l’ambition de nourrir la réflexion et le dialogue autour d’un thème faisant écho à l’actualité, replacé dans une large perspective temporelle et transculturelle. Le Festival Histoire et Cité se déploie à Genève et à Lausanne et est accueilli, pour la première fois, en terres neuchâteloises.
Ces allées et venues critiques entre hier et aujourd’hui irriguent un vaste programme d’activités: débats, tables rondes, conférences, présentations d’ouvrages et dédicaces, projections de films, expositions, performances, ateliers, visites, propositions pédagogiques… Le festival convie des chercheurs et des chercheuses de tous horizons, mais également des personnalités porteuses d’un regard singulier sur le passé: écrivaines et écrivains, cinéastes, artistes et journalistes.
Heidi.news est partenaire de l’édition 2023 du Festival Histoire et Cité