abo Moins de sucres dans le Coca et le Rivella: pourquoi ça ne suffit pas

Dans le cadre de la Déclaration de Milan, dix entreprises, dont Coca-Cola et Rivella, se sont engagées à réduire la teneur en sucres de leurs boissons vendues en Suisse. Que vaut la démarche?

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Keystone / OBS / Rivella AG

Après les yogourts et les céréales pour petit-déjeuner, c’est aux boissons de se mettre à la diète. Dix nouvelles entreprises se sont engagées le 14 février 2023 à réduire le sucre dans leurs produits alimentaires en Suisse. Parmi elles, des poids lourds du secteur, comme Coca-Cola, le groupe Rivella, ou encore Volg (Fenaco).

Voici donc venu le tour des boissons rafraîchissantes, des boissons lactées et des sérés de se mettre au régime: l’engagement prévoit une réduction de 10% de la teneur en sucre d’ici fin 2024. Il était attendu de pied ferme, 38% des sucres ajoutés que nous ingérons au quotidien provenant des boissons.

Une bonne nouvelle? En matière alimentaire comme pour le reste, on connaît la préférence de la Suisse pour l’auto-régulation du marché. Cette fois encore, le pas franchi est modeste — insuffisant, jugent certains experts. Il faut dire que l’enjeu de santé publique est majeur, les maladies cardiovasculaires étant la première cause de mortalité en Suisse.

La Déclaration de Milan, petit pas par petit pas

Ces nouveaux objectifs s’inscrivent dans le cadre de la Déclaration de Milan, pacte conclu entre le Département fédéral de l’intérieur et les entreprises de l’alimentaire en Suisse, afin de réduire la teneur en sucre des produits alimentaires.

  • Elle a été annoncée 2015 par Alain Berset, lors de l’Exposition universelle de Milan. A l’époque, l’engagement est flou, il n’y a ni objectifs quantifiés ni échéances.

  • Cet angle mort est rectifié en 2017: les signataires (Aldi, Danone, Kellogg’s, Lidl…) s’engagent à réduire les sucres de 2,5% dans les yogourts et de 5% dans les céréales pour fin 2018.

  • Un nouveau pas est franchi en 2019, avec des objectifs revus à la hausse pour fin 2024: -10% pour les yogourts, -15% pour les céréales.

  • D’après l’OSAV, les objectifs actuels sont en bonne voie: depuis 2018, la teneur en sucre a diminué de 5% dans les yogourts et de 13% dans les céréales pour petit-déjeuner.

Une goutte d’eau dans l’océan? Rebecca Eggenberger, responsable alimentation à la Fédération romande des consommateurs (FRC), et Sophie Bucher Della Torre, professeure assistante en diététique à la Haute école de santé de Genève (HESGE), saluent toutes les deux cette extension de la Déclaration de Milan. Un pas dans la bonne direction, c’est toujours bon à prendre.

Reste que la réduction de la teneur en sucres affichée, de 10% d’ici 2024, ne changera pas radicalement la donne.

  • Sophie Bucher Della Torre se lance dans un calcul: «Pour une boisson contenant 10 g de sucre dans 100 mL, c’est un carré de sucre en moins dans une bouteille d’un demi-litre». Il en restera encore dix dans la bouteille.

  • Rebecca Eggenberger abonde: «L’engagement volontaire ne va pas assez vite et n’est pas assez important en proportion des effets néfastes du sucre sur la santé.»

Les industries réduisent le sucre d’un côté, mais «le consommateur est inondé de produits salés, sucrés et ultra-transformés», regrette Rebecca Eggenberger (FRC). Il suffit d’aller dans n’importe quelle cafétéria d’entreprise — celle de Heidi.news et du Temps ne fait pas exception — pour s’en rendre compte.

Dans ces conditions, opter pour une alimentation saine reste une gageure, abonde Sophie Bucher Della Torre (HESGE):

«Les choix sains sont plus compliqués à obtenir, souvent plus chers, ou moins marketés et sexys pour les enfants.»

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