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Des producteurs à livre ouvert. Ce moment de perplexité a rapidement été éclairé par des gens qui nous ont accordé leur confiance. J’ai été particulièrement touchée par les producteurs qui nous ont ouvert leurs livres de comptes, en toute transparence, et qui ont détaillé leurs coûts de production. Ce faisant, ils ont rendu concrètes ces notions terriblement bureaucratiques. Des fiches de paie du lait opaques qui empêchent de voir à quel tarif le litre est payé, des transformateurs qui rechignent à les expliciter, comme dans le cas du procès d’ELSA, des paiements directs sans lesquels ils ne pourraient pas tourner…
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Plus j’avançais dans l’enquête, plus je me suis rendue compte des aberrations de ce système. Peu de secteurs économiques accepteraient de travailler sans savoir à l’avance combien ils vont être payés. Et pourtant, c'est le cas des producteurs de lait.
À l’autre bout de la chaîne, on retrouve les grandes surfaces, qui font des marges très confortables sur ces produits laitiers suisses, dont le lait est payé au producteur en dessous de son coût de revient.
Cela valait la peine de s’y plonger. Cette grande enquête et les incohérences du système soulevées ont mené au dépôt de deux initiatives parlementaires pour apporter plus de transparence sur la fixation des prix de l’alimentation et rééquilibrer le rapport de force entre agriculteurs et distributeurs,avec la création d’un ombudsman. Elle nous aura également valu le prix des médias pour la Suisse romande remis par l’Union suisse des paysans.