Le blé russe fait plus que jamais recette

La Russie continue d'exporter massivement son blé, et peut s'attendre à une production d'ici la fin de la saison agricole. Image d'illustration. | Keystone / AP Photo/The Tri-City Herald, Bob Brawdy

Exportations en hausse, clarifications des sanctions européennes pour exempter les céréales, production record à venir… La Russie continue d’asseoir sa position d'acteur incontournable dans le domaine des céréales.

Pour la Russie embourbée en Ukraine et en récession économique, il y a au moins un domaine où les affaires fonctionnent: le blé. Les exportations russes de blé vont bon train et l’Union européenne devrait encore clarifier ses sanctions pour laisser le champ libre au transport de céréales et d’engrais. Quant à la production de la saison 2022-2023, les estimations prévoient un record.

Pourquoi on en parle. Si la majeure partie du produit intérieur brut de la Russie repose sur les services et le secteur pétrogazier, ses cultures de céréales lui permettent d’être un acteur incontournable de la sécurité alimentaire mondiale. Elle est le premier exportateur de blé au monde depuis 2018, devant le Canada, les Etats-Unis, la France et l’Ukraine.

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Des exportations en hausse. Bonne nouvelle pour la Fédération de Russie, depuis le début de la récolte en juillet, elle a vendu plus de blé que les saisons précédentes, rapporte Reuters. L’agence de presse s’appuie sur les estimations de SovEcon et IKAR, deux acteurs russes qui suivent les marchés agricoles en Mer noire. Les exportations devraient dépasser les 4 millions de tonnes de blé en décembre, un record.

Déjà en juin 2022, alors que l’Ukraine voyait ses ports bloqués, la mer d’Azov était traversée de navires russes exportant des céréales. L’instauration en juillet d’un corridor céréalier facilitant les exportations, et la stabilisation des prix des matières premières qui en a découlé, ont permis à la Russie de vendre son or jaune.

Encore plus d’exportations à prévoir. Ce contexte favorable a néanmoins été ralenti par les sanctions de l’Union européenne: si le transport de céréales et d’engrais russes n’étaient pas directement visés, plusieurs gouvernements africains et opérateurs de transport auraient déclaré que les orientations des sanctions «n'étaient pas suffisamment solides pour garantir une protection juridique», a révélé le Financial Times.

Plusieurs Etats-membres, dont l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, auraient d’ailleurs demandé une clarification à la Commission européenne, d’après une note de synthèse que le média américain a pu consulter. Le document indiquerait que «les institutions financières, les assureurs, les transporteurs et les grossistes hésitent à participer à des transactions commerciales portant sur l'exportation de denrées alimentaires et d'engrais russes, ce qui perturbe les chaînes d'approvisionnement.»

En outre, si le corridor a permis jusqu’à présent d’expédier principalement du maïs (40% des 12 millions de tonnes de céréales et de denrées alimentaires expédiées), il devrait rapidement faire de la place au blé de la récolte d'été, selon le Centre conjoint de coordination, qui encadre le bon déroulé des opérations.

Un record absolu pour la saison 2022-2023? La suite de la saison agricole russe se profile pour le mieux: le ministère américain de l'Agriculture s’attend à une explosion des records pour la période de juillet 2022 à juin 2023: 91 millions de tonnes de blé sont attendues, dont la moitié devrait être exportée. Du jamais vu.

La Russie a récupéré 6 millions de tonnes de blé ukrainien, selon la NASA

En Ukraine aussi, l’or jaune coule en abondance. Le programme Harvest de la Nasa, qui s’intéresse à la sécurité alimentaire et l’agriculture, a estimé la récolte de blé en Ukraine, à partir d’images satellites. Avec 26,6 millions de tonnes, elle s’avère meilleure que prévu, soulignent Les Echos. Néanmoins, 5,8 millions de ces tonnes de blé ont été récoltées dans des zones qui ne sont plus sous contrôle ukrainien.