«La taxe sur les boissons sucrées a fait ses preuves au niveau scientifique»
Dix industriels suisses de boissons ont rejoint la Déclaration de Milan et se sont engagés à réduire la teneur en sucres de leurs produits. Un pas intéressant mais modeste, selon la diététicienne Sophie Bucher Della Torre (HES-SO Genève). D'autres mesures plus efficaces ont fait leurs preuves, mais elles ne sont pas privilégiées au niveau politique.
Ils mettront moins de sucre dans leurs produits, c’est promis. Le 14 février 2023, le conseiller fédéral Alain Berset a annoncé l’élargissement de la Déclaration de Milan, un pacte noué en 2015 entre la Confédération et les industriels pour réduire la teneur en sucre dans les aliments courants.
Huit ans après l’acte fondateur, dix nouveaux industriels rejoignent l’initiative, comme Coca-Cola Suisse, Rivella. Après les yogourts et les céréales du matin, c’est au tour des boissons rafraichissantes, des boissons lactées et des sérés de rejoindre le panier de produits devant être allégés en sucre.
Quelle est la portée de cette avancée? On en parle avec la diététicienne Sophie Bucher Della Torre, professeure assistante à la Haute école de santé de Genève, autrice de recherches sur les mesures visant à réduire la consommation de sucre, en Suisse (2019) et en Europe (2022).
Heidi.news — La Déclaration de Milan est élargie au secteur des boissons rafraîchissantes, avec 10 nouveaux acteurs qui s’engagent à réduire de 10% la teneur en sucres des boissons d’ici à fin 2024. Qu’en pensez-vous?
Sophie Bucher Della Torre — J’ai envie de dire que tout pas dans la bonne direction est bon à prendre. Dans le cas des boissons lactées et des sérés, il y a un véritable intérêt à réduire le sucre, car ce sont des aliments qu’on recommande par ailleurs sur le plan nutritionnel. Cependant, nous avons calculé dans le cadre de notre rapport la réduction effective de sucre dans les yogourts que cela représentait, ce ne sont que quelques grammes en moins… avec un apport en sucre global qui reste assez élevé. Dans le cas des boissons sucrées, la meilleure option pour réduire son ingestion de sucre reste de ne pas les consommer.
Le sucre en Suisse en quelques chiffres
La population consomme deux fois plus de sucres que ne le recommande l’OMS (environ 100 grammes par jour).
38% des sucres ajoutés que nous ingérons proviennent des boissons.
Les industriels des boissons rafraîchissantes, lactées et sérés s’engagent à réduire de 10% la teneur en sucres d’ici à fin 2024.
Depuis 2018, la teneur en sucres ajoutés a baissé de 5% dans les yogourts et de 13% dans les céréales pour petit-déjeuner.
Vous voulez dire que ces 10% ne pèsent pas beaucoup dans la balance quotidienne?
On est toujours un peu partagé, parce que 10% sur l’ensemble de la population, cela représente des kilos de sucre en moins. Maintenant, pour le cas d’une boisson contenant 10 g de sucre dans 100 mL, c’est un carré de sucre en moins dans une bouteille d’un demi-litre, mais il en reste toujours passablement (10 carrés de sucre en l’occurrence, ndlr.). De plus, il est compliqué de se faire une idée des effets réels sur la consommation de sucre, car on ne sait pas quels produits seront ciblés: les plus sucrés? Les plus vendus? (Sollicité à ce sujet, l’OSAV répond que la réduction ne doit pas nécessairement être effectuée pour chaque produit individuel, ndlr.)
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