Pourquoi on en parle. Selon l’ONU «les océans se dégradent à une vitesse alarmante du fait des changements climatiques et des activités humaines». Un des grands coupables: la pêche industrielle et plus particulièrement la pêche au chalut. Il est pourtant crucial de protéger la biodiversité marine, écrit Cristiana Paşca Palmer, Secrétaire exécutive du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique.
«La biodiversité marine, la diversité de la vie dans les océans et les mers, est un aspect essentiel des trois piliers du développement durable – économique, social et environnemental.»
Le chalutage, qu’est-ce que c’est? La pêche au chalut, ou le chalutage, c’est la technique de pêche industrielle la plus répandue. C’est comme ça que sont réalisées 25% des prises mondiales. Il faut dire que la technique est très efficace. Imaginez un filet géant en forme de chaussette, pouvant attraper quatre Boeing d’un coup. Cette grosse chaussette est plaquée au fond de l’océan par des panneaux métalliques qui peuvent peser plusieurs dizaines de tonnes. Les filets peuvent descendre jusqu’à 2500 mètres.
La pêche au chalut de fond est à différencier de celle au chalut pélagique. Cette dernière ne racle pas les fonds marins, mais évolue en pleine mer, à l’aide d’un filet tracté par un bateau.
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Résultat: les chaluts emportent tout sur leur passage sans faire de distinction entre les espèces. Et ce faisant, ils rabotent les récifs et structures géologiques qui sont des habitats cruciaux pour la vie marine et ont mis des millénaires à se constituer.
Certaines zones marines sont protégées pour préserver la faune et la flore qui s’y trouvent. Mais la pêche au chalut est bien plus puissante. En Europe, on estime que quasiment 60% des aires marines protégées subissent la pêche industrielle au chalut, en toute légalité.
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Au-delà de la destruction des écosystèmes marins, le chalutage est un grand émetteur de gaz à effet de serre. Il consomme énormément de carburant, parce que oui, il en faut de l’énergie pour tirer ces filets géants à plus d’un kilomètre de profondeur. Selon une étude publiée dans Nature, la pêche au chalut émet autant de gaz à effet de serre que le secteur de l’aviation.
Le chalutage a également un impact social. En vidant les océans, il prive de revenu et de nourriture les petites pêcheries artisanales, provoquant pauvreté et insécurité alimentaire, surtout dans les régions en développement.
Comment éviter d’avoir du poisson chaluté dans son assiette. Manger du poisson non chaluté, c’est possible, mais pas si simple. Même les labels; comme le MSC, peuvent certifier des pêcheries au chalut. Il faut donc être vigilant et regarder les étiquettes. La méthode de pêche doit obligatoirement être indiquée sur l'étiquetage ou pouvoir être renseignée au client dans le cas de la vente en vrac.
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Il existe d’autres méthodes de pêche. La pêche à la ligne, au filet ou au casier sont les plus conseillées par les experts. Elles proviendront plus souvent de petites pêcheries artisanales et auront moins d’impacts négatifs sur la biodiversité.
Pour respecter la biodiversité de nos mers, il est aussi utile de prendre en compte la saisonnalité des poissons. Comme pour les tomates et les pastèques, les poissons ont leurs saisons. Un poisson hors saison sera en général soit importé de loin, soit pêché durant des périodes de reproduction ou quand le poisson est trop jeune. Sur nos rivages, la saisonnalité des perches du Léman est entre avril et août.