Et en Suisse? Si notre pays réunit «seulement» 1,5 million de bovins et 350’000 ovins, l’agriculture représente 15% des émissions de gaz à effet de serre, derrière les secteurs des transports (32%), de l’industrie (24%) et du bâtiment (24%). Une taxe serait-elle utile pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris? L’Agroscope et l’Office fédéral de l'agriculture se sont penchés sur la question à l’occasion de la révision totale de la loi sur le CO2, en étudiant les potentiels de réduction de treize mesures. Résultat: d’après les études disponibles, les mécanismes économiques étudiés, dont la taxe sur les GES, auraient un effet «plutôt limité sur les structures agricoles», écrivent les auteurs. Ces derniers voient plus d’efficacité à «revoir la proportionnalité entre la production animale et végétale» – formulation pudique pour appeler à réduire la consommation de viande.
En Nouvelle-Zélande, les éleveurs vent debout contre la taxe des gaz émis par le bétail
En Nouvelle-Zélande, le bras de fer entre agriculteurs et gouvernement sur la taxe des gaz à effet de serre produits par les animaux d’élevage promet d’être musclé. A l’initiative de Groundswell NZ, un récent groupe de pression de défense des agriculteurs, des éleveurs ont manifesté le 20 octobre dans une cinquantaine de villes à travers le pays – parfois par convoi de tracteurs – rapporte la radio publique néo-zélandaise RNZ. Des témoignages récoltés par la radio, ressort un sentiment d’injustice et de colère contre une surcharge administrative vécue comme une punition.
Pourquoi on en parle. Le 11 octobre, la Première ministre Jacinda Ardern présentait l’idée de taxer les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les élevages. Prévu pour une entrée en vigueur en 2025, le dispositif serait une première mondiale, qui pourrait ouvrir la voie à des taxations similaires dans d’autres pays. L’archipel compte pas moins de 6 millions de vaches et 26 millions de moutons émetteurs de méthane (issu de la digestion) et de protoxyde d’azote (contenu dans l’urine), dont le pouvoir de réchauffement global est respectivement 28 et 265 fois plus important que celui du dioxyde de carbone à quantité équivalente.