Derrière le scandale Buitoni, les décisions de Nestlé pointées du doigt

Image d'illustration. | Keystone / Martin Ruetschi

Gaines d’aération encrassées, atelier de boulangerie qui surchauffe, silos de farine pas nettoyés depuis sept ans, rats dans les locaux… Les nouvelles procédures de nettoyage imposées par Nestlé France en 2015 et un changement de recette en 2021 sont pointés du doigt dans l’affaire des pizzas surgelées Buitoni contaminées à l’Escherichia coli, rapporte une enquête de France Inter, diffusée samedi 10 septembre.

Pourquoi on en parle. Bien que ce scandale sanitaire n’ait pas touché la Suisse, car les pizzas contaminées n’ont pas été vendues sur notre territoire, la marque Buitoni appartient à Nestlé. Les nouvelles révélations de France Inter mettent en avant le rôle de la multinationale veveysanne dans l’épidémie qui a provoqué deux décès et au total touché 55 enfants de 1 à 15 ans.

Quand les pizzas ont été identifiées comme probable cause, l’usine de Buitoni à Caudry a été fermée pour procéder à l’enquête. La source exacte de la contamination n’a pas encore été identifiée, mais de nombreux témoignages préoccupants d’employés ainsi que le rapport de la répression des fraudes, auquel a eu accès France Inter, soulignent deux pistes: les méthodes d’hygiène et le type de farine utilisée.

Plus de production, moins de nettoyage. Depuis 2015, Nestlé France a mis en place une nouvelle méthode de travail. Objectif: réduire le temps de toutes les tâches qui ne sont pas de la production, entre autres le nettoyage et la maintenance préventive. On passe donc de 8h de nettoyage quotidien à 4h45. Les employés, n’ayant plus le temps de tout faire, se concentrent sur la ligne de production et ne nettoient plus le reste. Les grands nettoyages annuels qui duraient trois semaines sont également réduits à une semaine.

Une nouvelle farine source de problème. En 2021, Nestlé change la recette de sa pizza et remplace la farine traitée thermiquement par de la farine crue. Cette dernière est une source possible de bactéries. Le traitement du blé pour le transformer en farine ne tue pas les bactéries. Cette dernière a donc pu être contaminée avant son arrivée à l’usine.

Ce n’est pas la première fois que la farine crue de Nestlé est au centre d’un scandale. En 2009 déjà, la Food and Drug Administration (FDA) mettait en cause la farine non traitée dans une épidémie qui a touché les Etats-Unis. Elle recommande depuis d’utiliser de la farine traitée thermiquement pour la fabrication de pâtes crues. La journaliste de France Inter a interrogé Nestlé sur ce récent retour à une farine crue, mais l’entreprise n’a pas donné de précision.

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A écouter sur le site de France Inter